Vie d'apprentis

Corps et âme

Le 10/05/2017
par Marjolaine Desmartin
Quotidien, ambitions, victoires : trois apprentis se racontent, sans filtre. Si chaque parcours est différent, tous se retrouvent dans cette passion du métier et cette furieuse envie de prouver sa valeur. Aux autres. Au monde. À soi.
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Nolan Poirrier, apprenti couvreur et zingueur, Justine Dieumegard, en boulangerie-pâtisserie, et Mélodie Dejonghe, en esthétique. Talentueux et motivés !

Nolan Poirrier, Couverture et zinguerie : Sur le toit du monde

Son nom a résonné deux fois dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne*. Nolan Poirrier a été désigné Meilleur apprenti de France Ornement et Meilleur apprenti de France (MAF) Zinguerie 2017 au niveau national. Une performance sans précédent, appréciée à sa juste valeur par ce petit-fils de couvreur. À seulement 19 ans, Nolan affiche un CV impressionnant : neuf médailles MAF – le jeune homme avait déjà participé au concours en Couverture – et deux titres de major de sa promotion, en Couverture et en Zinguerie. "Ma double médaille est une grande fierté. Elle m’a demandé énormément de travail", s’extasie-t-il. L’environnement dans lequel évolue Nolan n’est pas étranger à sa réussite : l’entreprise Martineau et Fils, charpente-couverture-zinguerie d’ornement à Saint-Paterne-Racan (37). La qualité et la richesse de la formation dispensée par Pascal et Thomas Martineau n’est plus à prouver, avec trente-sept MAF en neuf ans ! "C’est une excellente entreprise pour apprendre son métier. Les patrons sont toujours derrière nous pour nous pousser, nous motiver." Même si Nolan n’a guère besoin d’encouragements. "J’aime mon travail. On touche à tous les matériaux : zinc, bois, ardoise, cuivre, plomb… Il y a aussi beaucoup de géométrie. Et puis, on intervient sur des monuments historiques." Actuellement en première année de Charpente, le jeune homme compte s’orienter vers un brevet professionnel en Couverture… Et s’illustrer lors de prochains concours. Nul doute que le nom de Nolan n’a pas fini de résonner.

* Lors de la remise des médailles aux 347 Meilleurs apprentis de France en février dernier à Paris.

Mélodie Dejonghe, Esthétique : Compétitrice jusqu’au bout des ongles

Mélodie Dejonghe, 18 ans, est une ambitieuse qui s’assume. Élève en première année de brevet professionnel à l’antenne URMA (Université régionale de métiers et de l’artisanat) de Tourcoing-le-Virolois (59), la jeune femme a décroché, en 2016, le titre de Meilleur apprenti de France Esthétique, cosmétique et parfumerie. La revanche d’une blonde sur les détracteurs de l’apprentissage. "C’est une voie injustement dévalorisée, regrette-t-elle. Au collège, l’équipe pédagogique m’a dissuadée de partir en esthétique, arguant que mes résultats étaient trop bons. Après une seconde générale avortée, et passion oblige, je me suis tournée vers l’apprentissage." Un choix que Mélodie ne regrette pas. Du tout. "J’adore ça. Être apprentie m’a permis de devenir mature plus rapidement. Je mesure la chance que j’ai d’être formée tout en commençant un travail. C’est un véritable tremplin pour l’avenir. Les jeunes de mon âge n’ont pas mon expérience." Qui voudrait rattraper Mélodie devrait d’ailleurs courir. L’apprentie se prépare déjà pour de futurs concours. Médaillée d’argent aux précédentes sélections régionales des Olympiades des Métiers, elle compte bien se servir de cette expérience pour aller plus haut. Plus loin. "Je pense constamment à l’esthétique. Même quand je ne pratique pas, j’imagine toujours ce que je peux faire. Comment me démarquer." Dans le viseur également de la jeune femme, le concours de Meilleur ouvrier de France.

Justine Dieumegard, Boulangerie :  L’appétit de vivre

Non, il n’y a pas que les hommes pour se mettre dans le pétrin. Casquette blanche – d’où s’échappent quelques mèches rebelles – vissée sur la tête, Justine Dieumegard, 18 ans, en est la preuve. "Je veux montrer que nous, filles, pouvons réussir dans la boulangerie. Qu’il n’y a pas de barrière", assène-t-elle. Fille de mécaniciens, Justine se prend de passion pour le métier de boulanger lors d’un stage en classe de 3e. Apprentie à la Boulangerie Jauzelon à Beauvoir-sur-Niort (79), elle commence à 4 heures du matin lorsqu’elle est "de boulangerie" et à 5 heures lorsqu’elle est "de pâtisserie". "C’est un rythme à prendre, c’est sûr. Les horaires sont ce qu’ils sont, et je n’ai pas les mêmes vacances qu’un étudiant. Mais j’adore ce que je fais. Toucher la farine, façonner le pain. Cela ne s’explique pas." Dynamique, énergique, la jeune femme aime "quand les choses bougent". Une mentalité qui a convaincu son maître d’apprentissage de la présenter au Concours de la meilleure galette feuilletée primeur au beurre AOP Poitou-Charentes. Vainqueur au niveau départemental, Justine a remporté la deuxième place du podium régional en janvier dernier. "Même si je me suis beaucoup entraînée, je ne me suis pas mis de pression. La victoire a été d’autant plus belle." Pour l’avenir, la jeune apprentie envisage de passer un BP… Ou de travailler dans des boulangeries à l’étranger. Peut-être au Canada." J’ai envie de découvrir d'autres spécialités. De m’ouvrir l’esprit."

L’Erasmus des apprentis

Partir à l’étranger pour apprendre n’est pas l’apanage des étudiants. Les apprentis peuvent aussi prétendre à une aide à la mobilité européenne. L’an dernier, ils étaient 4 500 – de niveau CAP-BEP et bac pro – à effectuer un stage ou à suivre une formation dans un pays européen grâce à la bourse Erasmus +. Les séjours durent de deux semaines à un an. Pour bénéficier de ce programme, assurez-vous que votre CFA ou lycée professionnel participe à Erasmus + et rapprochez-vous de la personne en charge des relations internationales ou de la mobilité. Durant votre séjour, votre contrat d’apprentissage est inchangé. Vous restez salarié de votre entreprise française (sous réserve de son accord) et votre salaire est maintenu.

info.erasmusplus.fr

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