Palmarès

24ème édition du Prix Liliane Bettencourt pour l’Intelligence de la Main® : qui sont les lauréats ?

Le 10/10/2023
par Cécile Vicini
Les lauréats de l’édition 2023, présidée pour la première fois cette année par Laurence des Cars, présidente-directrice du musée du Louvre, ont été mis à l’honneur en présence de Rima Abdul Malak, ministre de la Culture.
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De gauche à droite : Géraldine Cauchy et Jory Pradelles (association Lainamac), Jean-Pierre Meyers, Lucile Viaud, Aurélia Leblanc, Pascal Oudet, Laurence des Cars.

Mardi 3 octobre 2023, la Fondation Bettencourt Schueller tenu la 24ᵉ édition du Prix Liliane Bettencourt pour l’Intelligence de la Main®, dont le palmarès a valorisé plusieurs enjeux : l’excellence des savoir-faire, l’ancrage territorial, la valorisation de matières naturelles, mais aussi la promotion de modèles durables et responsables.

Inciter les artisans à aller plus loin, dynamiser les savoir-faire, accroître leur rayonnement à l’étranger… Voilà toute l’essence de ce prix, qui a su évoluer au fil des années pour aboutir aujourd’hui à trois récompenses :

  • Talents d’exception,
  • Dialogues
  • Parcours.

Le prix talent d’exception

Il récompense un artisan d’art pour la réalisation d’une œuvre résultant d’une parfaite maîtrise des techniques et savoir-faire d’un métier d’art.

Celle-ci doit notamment révéler un caractère innovant et contribuer à l’évolution de ce savoir-faire.

Dotation : 50.000 €

Accompagnement : jusqu’à 100.000 € pour réaliser un projet de développement

Pascal Oudet, tourneur sur bois, se voit décerner cette récompense pour son œuvre Laissez entrer le soleil.

"La robustesse du chêne, la délicatesse infinie de la dentelle... Avec "Laissez entrer le soleil", le tourneur sur bois Pascal Oudet signe l'une de ses œuvres les plus abouties, fusionnant démarche artistique et expertise exceptionnelle.

D'un point de vue technique, cette œuvre a été façonnée à partir d'un chêne de 70 ans provenant d'une forêt de Côte-d'Or. Une partie du tronc (60 cm de diamètre, pesant 100 kg) a été minutieusement travaillée jusqu'à obtenir cette sculpture d'une légèreté stupéfiante - à peine 300g.

Paul Oudet révèle l'histoire intime de ce chêne, mettant en lumière ses cernes qui retracent les étapes de sa croissance, ses épisodes de vie, la qualité de son environnement et les conditions climatiques qui ont favorisé son épanouissement.

Témoin silencieux de la détérioration de notre écosystème, l'œuvre porte les marques des quatre dernières années de sécheresse exceptionnelle qui ont altéré sa croissance.

D'une beauté pure, "Laissez entrer le soleil" est également un plaidoyer pour la survie des arbres, et par extension, pour la nôtre. Avec le soutien de la Fondation, Pascal Oudet envisage de travailler à l'avenir sur un arbre entier plutôt que seulement des troncs coupés. Ce projet monumental exigera un changement d'échelle et marquera un véritable renouvellement de sa pratique, sur les plans technique, logistique et scénographique."

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Le prix « dialogues »

Il célèbre la collaboration entre un artisan d'art et un designer. Cette coopération prend vie à travers un objet ou un prototype abouti qui témoigne d'un savoir-faire artisanal d'excellence et d'une créativité en matière de design.

La récompense s'élève à 50.000 €, à partager entre les lauréats.

De plus, un soutien financier pouvant atteindre 150.000 € est octroyé pour le déploiement du prototype ou de l'objet afin d'approfondir son expérimentation, sa recherche et son innovation.

Aurélia Leblanc, tisserande, et Lucile Viaud, designer, sont les récipiendaires de la récompense Dialogues pour leur œuvre "Pêche Cristalline".

Ici, la tisserande Aurélia Leblanc et la designer Lucile Viaud unissent leurs talents pour créer une œuvre à la fois technique et poétique.

Destinée à embellir la salle de restaurant du chef breton Nicolas Conraux, cette pièce illustre le projet artistique et durable de ce duo, qui a choisi de fusionner leur expertise, combinant ainsi recherche et artisanat pour concevoir ce tissage novateur à partir de verre naturel et de fibres locales.

Le verre marin Glaz est conçu à partir de coquilles d'ormeaux et de micro-algues. Les principales étapes de la production ont lieu au sein du laboratoire Verres & Céramiques de l'Institut des Sciences Chimiques de Rennes, où Lucile Viaud exerce en tant qu'artiste-chercheuse depuis 2017.

Les matériaux subissent d'abord une fusion, puis sont travaillés à chaud pour former des baguettes de verre.

Chaque baguette est chauffée et étirée à la main pour obtenir une "goutte", ensuite enroulée sur un tambour mécanique. Plusieurs kilomètres de fils d'un diamètre de 230 à 240 microns sont ainsi prêts à être tissés par le métier à tisser d'Aurélia Leblanc.

Après différentes étapes de préparation (ourdissage pour régler la densité et donc la souplesse et la transparence de l'étoffe, empeignage, enroulage), le tissage est réalisé selon un motif imaginé en amont à l'aide d'un logiciel ou à partir d'un dessin réel.

Aussi unique que spectaculaire, cette œuvre possède une puissance esthétique réelle et constitue également une prouesse technique ouvrant de nouvelles perspectives dans la fabrication et l'application du verre.

Ces expérimentations sont particulièrement précieuses dans un contexte où les matières premières se font plus rares et où il est primordial de développer de nouvelles productions, plus économiques et respectueuses de l'environnement.

Grâce à ce prix, Aurélia Leblanc et Lucile Viaud pourront perfectionner leurs outils de production, notamment en créant un métier exclusivement dédié au tissage de verre. La tisserande et la designer envisagent également un projet ambitieux : la conception de vitraux pour une abbaye située dans le Finistère.

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Le prix Parcours

Instauré en 2014, ce prix rend hommage à une entité morale pour son dévouement et sa contribution exemplaire au secteur des métiers d'art français.

La dotation s'élève à 50 000 €, et un accompagnement financier pouvant atteindre 100 000 € est offert pour la concrétisation d'un projet visant à promouvoir l'univers des métiers d'art.

L'association Lainamac, œuvrant dans la filière laine française, valorise la valeur unique de la laine et de l'excellence des sociétés textiles de la région limousine, avec une mission cruciale : revitaliser cette filière alors en déclin et lui permettre de retrouver sa créativité d'antan.

Dans cette optique, l'association a commencé par unir tous les acteurs de la chaîne, de l'élevage à la confection, regroupant éleveurs, manufactures, filatures et artisans d'art.

Actuellement, l'association coordonne un réseau de 80 entreprises et possède, depuis 2012, un organisme de formation visant à préserver et transmettre les compétences essentielles de la filière laine.

Lainamac souhaite être un lieu d'expérimentation avec des ateliers partagés, d'échanges avec des designers et des étudiants d'écoles d'art, de sensibilisation avec des stages pour les jeunes générations et d'accueil du grand public.

Poursuivant sa mission, Lainamac a inauguré en 2019 « Oh my laine », un showroom éphémère accueillant, lors de la Paris Design Week, une sélection de produits issus des domaines de l'architecture intérieure, de la décoration, de l'artisanat d'art et de la création textile.

Cette initiative vise à mettre en avant les qualités de cette filière et à susciter l'intérêt des grandes maisons, de plus en plus séduites par la qualité d'une production vivante, responsable, et entièrement française.

Le soutien de la Fondation permettra à l'association de franchir une nouvelle étape pour l'ensemble de ses projets, notamment en recrutant un designer pour aider à structurer des offres de services personnalisées destinées aux entreprises adhérentes à l'association, en créant une offre de résidence d'artistes au sein de ses ateliers partagés et en continuant le développement du projet « Oh my Laine » grâce à la multiplication d'événements ciblant les prescripteurs et acteurs clés du marché.

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