Conjoncture : le bâtiment croise les doigts
En juillet dernier, le président de la Fédération française du bâtiment (FFB), Jacques Chanut, avait conseillé au gouvernement de faire "le bon choix entre la voie qui conduit au paradis et celle qui mène aux enfers". Si le tableau n'était déjà pas complèetement optimiste lors de ce premier bilan semestriel 2018, il l'est davantage en cette fin d'année.
Belle progression en 2018...
D'après les chiffres de la fédération présentés le 19 décembre, l'année 2018 voit le niveau d'activité progresser de 2,3 % en volume (après + 4,9 % en 2017 et + 2 % en 2016).
Les carnets de commande "s'affichent à haut niveau en fin d'année", et cela "tous métiers et toutes tailles d'entreprises confondus", note la FFB.
Corollaire de cette embellie soutenue, le bâtiment a bien recruté : 30 000 postes ont été créés, dont 24 000 postes de salariés, majoritairement des CDI.
...mais un coup de frein en perspective
Malgré la hausse d'activité, l'organisation note un "retournement" sur le marché du logement. Les mises en chantier reculent de près de 6 % (de 428 000, elles passent à 404 000 unités). En 2019, la FFB prévoit une diminution de 7 % des mises en chantier. Nonobstant, la tendance reste plutôt favorable dans le non résidentiel neuf (+ 7,4 % en 2018 ; prévision 2019 : + 3 %).
Cette année, la baisse des APL, le rabotage du Pinel et du PTZ, ont destabilisé les acheteurs potentiels, qui reportent désormais leurs projets immobiliers. Idem pour l'amélioration-entretien : la hausse s'établit péniblement à + 0,8 %. En cause, explique la FFB : "les hésitations du marché de la rénovation énergétique".
Optimisme, cependant
A l'arrivée, la FFB entrevoit pour 2019 une période de "stabilisation". Encore faut-il réunir tous les remèdes préventifs nécessaires à la bonne santé des entreprises du bâtiment...
Si les fenêtres ont été fraîchement réintroduites dans le CITE, cela ne sera pas suffisant... Pour freiner la baisse des mises en chantier de logement neuf, la FFB compte sur trois piliers. Premièrement, elle appelle à la réouverture du dossier PTZ en zones B2 et C et souhaite qu'il soit aligné sur les zones A et B1, avant fin juin 2019.
Deuxième pilier : la relance de l'Anru et les programmes "Action Coeur de Ville" et "Denormandie ancien". "Ces grands plans logement s'attaqueront à la situation de territoires en difficulté, notamment du fait de la morphologie urbaine et de bâtiments inadaptés aux usages d’aujourd’hui et seront sources d’activité pour les entreprises sur ces zones", espère le président de la FFB, Jacques Chanut.
Enfin, la FFB compte sur les mesures structurelles des lois Elan et Essoc, votées en 2018. "Les mesures structurelles qu’elles contiennent, notamment en matière de simplification et d’amélioration des règles d’urbanisme, devraient permettre de progressivement faciliter l’acte de construire, tout en limitant les hausses de coût", raisonne l'organisation.
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