François Descamps : "Mon apprenti ? Une pièce maîtresse de l'entreprise"
Djimé surnomme François "Koroké" (grand frère en malien). François, quant à lui, demande régulièrement à Djimé des nouvelles de sa famille restée "au pays"…
Entre le boulanger du Nord et celui qui est devenu son apprenti il y a presqu'un an, l'entente a été immédiate. "Il n’a que son courage", répète volontiers le patron, impressionné par le voyage entrepris par son jeune protégé pour venir en France.
C’est via les réseaux sociaux que François, à la recherche d’un apprenti, et Djimé, alors "mineur non accompagné", entrent en contact.
"Ça a matché immédiatement. Djimé est ponctuel, motivé et dur à la tâche. Il est capable de façonner parfaitement près de cent baguettes dans une journée", François Descamps.
Le jeune homme contourne habilement la barrière de la langue en recourant au mimétisme. Si bien qu’il est devenu "l’un des piliers de l’entreprise".
"Il est généreux dans l’effort. Chez nous, il est comme un poisson dans l’eau", applaudit François. Qui craint toutefois que l’apprenti, s’il maîtrise parfaitement la technique, soit pénalisé, à terme, par la théorie. Djimé est en effet en première année de CAP Boulanger, et devrait passer son diplôme en 2025. "J’aimerais vraiment le garder. Même s’il échoue à ses examens."
Une voie d'excellence, pas de garage
"J’accueille des apprentis depuis que j’ai repris la boulangerie en 2003. Largement de quoi constater une dégradation de la qualité de la formation. Le niveau n’est pas assez exigeant dans les CFA. L’apprentissage est la meilleure façon d’apprendre, mais il faut tout remettre à plat. À commencer par sa perception. C’est une voie d’excellence, pas de garage !"
Plus le "goût du travail" ?
Le patron tient à sa perle rare. Lui qui a une piètre estime "d’une grande partie de la jeunesse d’aujourd’hui", et ne s’en cache pas.
"Les jeunes n’ont plus le goût du travail. C’est d’ailleurs par manque de candidatures d’apprentis que j’ai dû poster une annonce sur les réseaux sociaux. Ils ne veulent pas dépasser les 35 heures, se soucient d’abord de leurs jours de congé… J’ai peur pour l’avenir des entreprises artisanales."
Autant de raisons pour lesquels François apprécie Djimé. "À 18 ans, il a déjà un plan de carrière : revenir au pays en "beau gosse" – comprendre en homme qui a réussi –, acheter un commerce puis des terrains et maisons pour faire du locatif. Comment ne pas admirer cette ambition ?"
En attendant, le jeune Malien accomplit ses tâches avec le sourire, et partage chaque jour un peu de sa culture avec sa "famille" française.
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