L’avenir est dans l’interaction
En 2015, Jean-Marc Pradier passe de la concession automobile "au chromage, flocage, à la peinture à la demande sur tous supports". Il y réfléchissait depuis longtemps. "J’avais développé la projection d’aluminium, des couleurs avec des mélanges particuliers…"
Il gagne des prix. "J’ai mis au point un procédé d’imitation chrome, mais sans chrome hexavalent (toxique)." Le moteur de ce changement ? "Le conseiller innovation de la CMA Dordogne m’a motivé et épaulé dans les démarches, le montage des dossiers…"
Jean-Marc a reçu 85 000 € de Bpifrance et de la Région. "Cela nous a servi à faire de la R&D auprès du CNRS. Notre technique d’imitation chrome (90 000 € de notre CA sur environ 220 000) est un axe de développement, d’embauche et de transmission de ce savoir-faire." Jean-Marc a d’autres idées : "On voudrait arriver à projeter du cuivre, de l’or…" Il va demander à se faire accompagner… à la CMA.
Tisser des liens
Les CMA ont la possibilité d'activer leurs réseaux et ficelles : bourses, prix, concours, ateliers, appels à projets… En outre, fablabs (avec machines à disposition), espaces de coworking (regroupant différentes entreprises), pôles d’innovation et autres "tiers lieux" mutualisant des mètres carrés, des ressources et des services, sont là pour stimuler les artisans.
"Nous nous sommes installés dans le centre de formation d’apprentis (CFA), cela leur permet d’aller au-delà de leurs appréhensions", précise Gérard Roux, directeur du service du développement économique de la CMA de l’Ariège et porteur du projet Flame*. Par exemple, "un vitrailliste MOF vient se servir de la découpeuse numérique alors qu’avant il faisait ses pochoirs au cutter."
Le virage du numérique
Mettre le pied à l’étrier du numérique peut mener loin. "Chez nous, un compagnon menuisier côtoie un serrurier, un designer, une boîte de conception virtuelle, et ils découvrent qu’ils peuvent s’inspirer", poursuit Nicolas Bard. À l’atelier "bois" du fablab ICI Montreuil, un ébéniste a ainsi sympathisé avec un designer ; ils ont ensuite travaillé sur un projet commun ; puis ils ont créé une société. Celle-ci vient d’embaucher trois salariés (Boys in the Wood). Gérard Roux le sait et va dès la rentrée doper la créativité des artisans "via le numérique, par la coopération : un groupe de sept-huit artisans des métiers d’art va être pris en charge par un designer, qui va les bousculer pour pousser plus loin leurs idées nouvelles, jusqu’au prototype".
* Fablab artisanat métiers et échanges.
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