Le jour où… j’ai fabriqué des stylos
"Sortir de Metz, prendre la direction de Plappeville, vous êtes arrivé !" Ici m’attend Jules Simoutre, alias "le Stylotier". Installé dans son petit atelier bien équipé, le jeune homme a lancé son entreprise de fabrication de stylos en bois en octobre 2018. "J’ai démarré 15 jours après avoir achevé mes études de commerce", explique-t-il. Un choix audacieux pour cet entrepreneur dans l’âme, passionné de tournage sur bois auquel il a été initié par le grand-père de son amie.
Avant de plonger les mains dans les copeaux, retour rapide sur ses premiers mois. "En démarrant en octobre, le timing était parfait pour me constituer un premier stock et me faire connaître sur les marchés de Noël locaux. Ensuite, j’ai démarché des entreprises – concessionnaires automobiles, cabinets d’affaires, agences immobilières… - pour développer des partenariats, créer des stylos estampillés de leur logo qu’ils pourraient distribuer à leurs clients…", relate Jules.
Gros coup de com’ pendant la Coupe du Monde de football : il prend contact avec le centre de formation de l’Équipe de France, à Clairefontaine, et crée une série limitée, numérotée pour chaque joueur, qu’il leur envoie.
Place à la pratique et petit tour de l’atelier ! Les carrelets de bois constituent sa matière première. "Je travaille une soixantaine d’essences. Des bois exotiques comme l’ébène ou des bois français, dont le mirabellier – un must en Moselle, forcément – ou l’olivier, mon préféré."
Preuve de son professionnalisme : le jeune homme réussit à les distinguer rien qu’à leur odeur ! Une fois découpés puis percés au bon diamètre (suivant qu’ils se destinent à devenir un stylo à plume, à bille ou un roller), il y insère un tube de laiton dans lequel sera caché le mécanisme.
S’ensuit la démonstration sur le tour à bois, pour donner aux carrelets leur forme définitive. Une étape primordiale et assez spectaculaire. Munie de ma "gouge", armée des conseils de l’artisan. Je me lance… et ne m’en sors finalement pas trop mal… au bout de quelques essais malencontreux !
Jules, lui, met une vingtaine de minutes seulement pour façonner les deux parties qui composent un stylo, au millimètre près. Le bois est ensuite poncé minutieusement, de sorte à obtenir une finition parfaite. Un bain d’une nuit dans un vernis concocté par ses soins et une semaine de séchage achèveront le travail de la matière.
Jules utilise enfin une presse d’assemblage – fabrication maison – pour intégrer le mécanisme au corps ou au capuchon du stylo. Pour la personnalisation, il utilise une graveuse laser raccordée à son ordinateur, "le meilleur moyen d’obtenir un résultat propre et très précis". Et de contenter des clients exigeants, de plus en plus nombreux ! Au final, hors temps de repos et de séchage, il lui faut entre 1 h 30 et 2 h pour réaliser un stylo.
Dans les prochains mois, "le stylotier" espère concrétiser d’autres partenariats, investir dans son outil de production et s’installer dans un atelier plus grand, ou une pépinière d’entreprises, "histoire de pouvoir embaucher si les commandes affluent". Il dégage aussi du temps pour alimenter son site internet, doté d’une boutique en ligne, qu’il a créé lui-même, et les réseaux sociaux, "même si c’est difficile de tout concilier" !
Une expérience riche, un moment hors du temps, qui me confirme, une fois encore, que quand il y a une passion, un savoir-faire, de l’innovation et de la persévérance, l’artisanat n’est jamais loin !
>> Retrouvez l’univers et les produits du Stylotier sur son site : www.lestylotier.fr
Remerciements. Un grand merci à Jules Simoutre pour son accueil, sa gentillesse et la patience avec laquelle il m’a initiée à toutes les subtilités de son métier si rare, à CMA France et à la CMA 57 pour leur confiance et pour avoir orchestré cette journée.
>> Vous appréciez l'expérience "Artisan d'un jour"? Lisez celle de Samira Hamiche, journaliste au Monde des Artisans. Et retrouvez d'autres initiatives sur les réseaux sociaux avec le hashtag #SemaineArtisanat
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