L’habitat ne fait pas la fortune
Alain Paperin – électricien : « Comme un médecin de famille »
Alain Paperin et son fils Pierre.
Friand de grands espaces et de sports d’hiver, Alain Paperin, électricien, plante son bâton dans les Alpes en 1990, dans le village-station de Saint-Jean-d’Arves (Savoie). Un lieu où « il n’y a pas de concurrence ». L’ancien Bourguignon ne manque pas de travail dans cette station de ski où 12 000 lits touristiques occasionnent de fréquentes interventions. Lors des pics d’activité, ses journées frisent les 11 heures. « Au début, j’ai mené, comme beaucoup de gens ici, deux activités. Celles d’électricien et d’hôtelier. Pour faire face au développement de la première, j’ai dû mettre mon restaurant en gestion et mon hôtel en location meublée. »
L’artisan est un touche-à-tout : habitations, commerces, industries, éclairage public…
« J’interviens dans un rayon de 5 km. C’est un véritable confort. Le temps de transfert entre les chantiers est négligeable : 7 000 km en un an. Travailler en montagne n’est pas contraignant si l’on sait s’organiser et anticiper sur la commande de matériel. »
Alain est considéré comme l’électricien de la famille, présent sur place et connu de tous. « Comme un médecin de famille, je m’occupe aujourd’hui des enfants de mes premiers clients. En région montagnarde, les gens sont fidèles à leur artisan. Attention toutefois à ne pas en abuser, et à rester performant dans le travail et dans les prix ! »
L’année, pour Alain qui emploie son fils Pierre en alternance et un ouvrier 8 mois sur 12, est à deux vitesses.
« Tout doit être prêt pour l’ouverture de la station en décembre, donc il faut mettre les bouchées doubles. Après, on rentre dans la maintenance et le dépannage. C’est plus calme, et ça me permet d’avoir du temps pour mon entreprise – facturation, devis, comptabilité… – et pour moi. »
Joan Durand – brasseur : « On peut réussir partout avec de la volonté »
Si « beaucoup de jeunes désertent les lieux pour la ville », Joan Durand, 28 ans, est, lui, fermement attaché à ses racines. Avec sa compagne, cet artisan a investi la ferme familiale, située à 5 km du village de Lamontélarié (Tarn) et de ses quelque 60 habitants, à 1 000 m d’altitude, dans les Monts de Lacaune, pour ouvrir sa brasserie, Montéliote.
Le succès est fulgurant, malgré l’accès qui « complique l’approvisionnement ». En 2015, le couple produit 300 litres par semaine. Aujourd’hui, il en est à 800 et propose six types de bière.
« Nous pourrions encore augmenter la production, la demande est là. »
La qualité de la bière, faites avec de l’orge bio cultivé et malté dans le Tarn, garantit à la brasserie sa réussite, tout comme les tournées assurées par Joan dans le Tarn et une partie de l’Hérault et de la Haute-Garonne. « Je démarche les petits commerces : caves à vin, épiceries, restaurants, bars… Je fais aussi quelques marchés de producteurs et de la vente directe. »
Le couple propose en effet des visites-dégustations gratuites. Et est, là aussi, victime de son succès. « Nous sommes situés à proximité de lacs qui attirent pas mal de touristes. Il y a un vrai potentiel pour nous, mais que nous ne pouvons exploiter faute de temps. »
Joan et sa compagne se refusent à embaucher : le caractère artisanal de la brasserie leur tient trop à cœur. Tout juste réfléchissent-ils à déléguer les livraisons.
« Nous sommes en tout cas la preuve que l’on peut réussir partout en France si l’on s’en donne les moyens. Nous sommes très fiers de participer à la revitalisation des zones rurales de la région. »
Fanny Oberlin – esthéticienne-tatoueuse : « Répondre à un besoin local »
Ancienne conductrice de travaux dans le génie civil, Fanny Oberlin a opéré un virage à 180° en créant, en 2013, après une année de formation en esthétique, son Atelier Beauté à Lemberg (Moselle).
« En matière d’espaces de soins, la commune présentait un fort potentiel de développement. C’est ce qui m’a convaincue d’y ouvrir mon centre. Ça, et les encouragements des habitants que j’ai interrogés. »
Élue Femme créatrice d’entreprise par la chambre de métiers et de l'artisanat de la Moselle en 2014, Fanny met toutes les chances de son côté pour assurer l’attractivité et la pérennité de son atelier. Sponsor pour des événements caritatifs d’associations locales, elle fait de la publicité dans des magazines régionaux et compte beaucoup sur le bouche-à-oreille. « Il n’y a rien de mieux pour se faire une bonne réputation ! »
L’artisane mise aussi sur la diversité des prestations : soins visage et corps, épilation, onglerie, maquillage permanent, tatouage. « Je touche le plus de personnes possible. » Avec sa collègue, Fanny peut recevoir de 15 à 25 clients par jour.
« Retrouver autant de services sur un point central plaît beaucoup. Par ailleurs, nous entretenons une proximité, un contact humain avec les clients. »
L’esthéticienne-tatoueuse mise aussi sur la qualité de ses produits – le maquillage est bio et vegan et les cosmétiques naturels et fabriqués en France – et sur la nouveauté. « Nous ne restons pas sur nos acquis. Nous sommes toujours à la recherche de nouvelles techniques, d’innovations, de formations, pour surprendre nos clients. » Une dynamique qui contribue au succès de l’Atelier Beauté, qui rayonne jusqu’à Nancy, chef-lieu du département voisin.
www.atelier-beaute-lemberg.com
S’installer en ZRR : des avantages fiscaux
Vous envisagez de créer votre entreprise au vert ? Jusqu’au 31 décembre 2020, la création ou la reprise d’une activité artisanale en zone de revitalisation rurale (ZRR) vous permet de bénéficier d’une exonération fiscale totale pendant cinq ans et d’une exonération partielle les trois années suivantes : 75 % la sixième année, 50 % la septième et 25 % la huitième. Cette mesure très avantageuse vise à favoriser le développement et l’emploi dans des territoires ruraux présentant des difficultés économiques et sociales.
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