L'Unec appelle à la "cohérence"
Alors que la rentrée politique s'annonce dense, il était temps de débroussailler les grands dossiers ! L'Union nationale des entreprises de coiffure (Unec) a ainsi fait le point mercredi 29 août, lors d'une conférence de presse organisée à Paris, au coeur de l'établissement d'un de ses adhérents, le coiffeur de renom Raphaël Perrier.
La coiffure, poumon économique
Aller chez le coiffeur : une routine, un acte de bien-être... Et une démarche qui fait tourner l'économie ! Les chiffres parlent d'eux-mêmes : en 2015, la coiffure a généré 5,82 milliards de chiffre d'affaires (source ESANE/INSEE). Un chiffre en légère baisse, du fait du recul de la consommation dans le secteur. L'activité se place toutefois au 2e rang des activités artisanales et rassemble 190 000 actifs, au service d'une clientèle fidèle.
A quelques jours des discussions autour de la Loi Pacte, le président de l'Unec a convié le gouvernement à "ne pas freiner les petites entreprises". L'organisation estime que le projet de loi n'est pas "suffisamment adapté aux TPE". "Malgré quelques mesures très positives, comme la suppression du forfait social sur l’intéressement ou la facilitation de la transmission d’entreprise, la loi ne va pas assez loin. Elle ne propose pas, par exemple, de simplification des statuts de l’entreprise individuelle (12% des entreprises de coiffure) ni d’exonération de charges ou d’impôts sur les bénéfices réinvestis pour les entreprises individuelles (57% des entreprises de coiffure)", regrette le président de l'Unec.
A ce titre, l'Unec proposera des amendements visant à abroger le seuil minimum des 24h et à supprimer le seuil de 10 salariés.
Autres terrains glissants : le financement du prélèvement à la source (comptabilité, formations...) et le projet d'indemnisation des arrêts maladie de courte durée par les employeurs... "Si on veut plomber les entreprises, c’est ce qu’il faut faire", a ainsi ironisé le président de l'Unec, saluant au passage le "soutien de Muriel Pénicaud". "Les salons de coiffure sont pour une large majorité des entreprises de très petite taille, incapables de survivre à un tel alourdissement des charges", a insisté Bernard Stalter.
Loi Avenir Pro : "une vraie simplification"
"Chaque jour, un million de personnes passent par nos salons : ce sont autant de relais d'influence", a fait remarquer le président de l'Unec. De quoi redorer le blason de la profession, très engagée en faveur de l'apprentissage. A ce jour, 27 000 jeunes sont en formation, dont 18 000 en apprentissage. Des chiffres prometteurs pour une profession "en manque cruel de personnel qualifié".
L'occasion de revenir sur la loi pour la Liberté de choisir son avenir professionnel, en passe d'être promulguée au mois de septembre. "Cela faisait vingt ans qu’on disait que l’apprentissage n’est pas valorisé. En France, nous avons 7 % d'apprentis et 23 % de demandeurs d'emplois ! En Allemagne, pays qui a commencé très tôt à valoriser cette voie royale, c'est l'inverse : 23 % d’apprentis, 7 % de demandeurs d’emploi".
Globalement, l'organisation est "convaincue sur la direction qui est donnée, mais reste dans l’attente concernant l’écriture des décrets".
Mais si l'Unec salue le volet dédié à l'apprentissage (contrats plus souples, aides aux apprentis, mobilité européenne de longue durée...), elle valide moins le volet consacré à l'orientation. Sur ce point, estime Bernard Stalter, "le gouvernement est resté au milieu du guet". "On n’est pas allé assez loin", a-t-il déploré, appelant de ses voeux l'organisation de journées obligatoires d’orientation dans les classes décisives : 4e, 3e, seconde et terminale. Une façon de sensibiliser au mieux les jeunes à toutes les carrières (ce que fait déjà l'Unec avec son programme d'ambassadeurs de la coiffure).
L'artisanat à l'unisson
Le message du jour était, lui, adressé à l'ensemble des branches professionnelles de l'artisanat. L'Unec a en effet initié un projet d’opérateur de compétences (OPCA/OPCO) dédié à l’artisanat, qui regrouperait à terme les branches professionnelles sous forme de filière verticale.
"L’objectif est de pouvoir se doter demain d’un opérateur spécialisé capable de permettre aux professions artisanales de relever les défis d’aujourd’hui et d’anticiper ceux à venir, d’être plus forts et de peser dans la négociation paritaire", note l'Unec.
Le futur OPCA/OPCO de l’artisanat regrouperait l’ensemble des entreprises, quelle que soit leur taille. Elle disposerait de deux grandes branches : l'une dédiée à l'artisanat et l'autre aux professions libérales.
"La structuration actuelle de l’artisanat est un frein face aux défis qu’il doit relever", Ce projet transversal est surtout "cohérent" et "conforme à l'intérêt général", a insisté Bernard Stalter. "Il est pertinent et efficace pour la branche coiffure de s’inscrire dans un OPCA/OPCO de l’artisanat et des entreprises de proximité, plutôt que dans un OPCA/OPCO interprofessionnel beaucoup plus large où notre branche serait noyée parmi d’autres métiers aux réalités totalement différentes, et sans garantie de peser sur la gouvernance paritaire des structures exécutives".
L'Unec lance donc de nouveau un appel aux branches professionnelles, pour "rationaliser, fédérer les énergies et les compétences dans une logique interprofessionnelle pour donner un nouveau souffle à l’artisanat".
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