Négociations sur l'emploi : l'U2P tend la main aux syndicats
Durant plus de trois mois, les partenaires sociaux auront cheminé ensemble pour finalement aboutir à une impasse... Dans la nuit du 9 au 10 avril, au terme d'une dernière réunion-marathon de 48 heures, les syndicats de salariés ont rejeté le texte présenté par les organisations patronales. Bien que le désaccord ne soit pas définitif, il sera sans doute officialisé ces prochains jours par les instances décisionnaires des cinq syndicats de salariés.
Engagés suite à l'adoption de la réforme des retraites, les pourparlers portaient plus précisément sur l'emploi des seniors. De précédentes séances avaient permis d'aborder les sujets de l'usure professionnelle et des parcours de transitions et reconversion. Objectif : établir la convention Unédic (règles d'indemnisation de l'assurance-chômage) pour 2024-2027, qui devait entrer en vigueur en juillet prochain.
Plus globalement, ces échanges visaient à préciser les contours du "Pacte de la qualité de vie au travail" engagé par Emmanuel Macron pour encourager les seniors à travailler plus longtemps, dans un contexte où l'âge de départ à la retraite se voit relevé de 62 à 64 ans (voir ici le détail pour les chefs d'entreprises artisanales). Le Gouvernement se fixe l'objectif d'un taux d'emploi pour les 60-64 ans de 65% en 2030, contre 36,2% en 2022.
Les salariés lésés ?
Les cinq syndicats mobilisés reprochent à l'avenant transmis par les organisations patronales de ne créer "aucun droit nouveau pour les salariés", pour reprendre les mots du négociateur de la CDFT, Yvan Ricordeau.
Les représentants des salariés regrettent notamment que n'aient pas été retenues nombre de leurs propositions, telles que la création d'un Compte Épargne Temps Universel (CETU), la prise en compte de l'usure professionnelle ou encore l'ouverture d'un droit à une retraite progressive.
Le paritarisme en débat
Autant de mesures retoquées par le Medef, dont le monopole dans les négociations - face à l'Union des entreprises de proximité (U2P) et la CPME - se voit de nouveau pointé du doigt. L'organisation patronale est aussi critiquée pour avoir campé sur ses positions initales, au nom de considérations comptables. Le Medef, comme le Gouvernement, estiment par exemple trop élevé le coût de la mise en place d'une retraite progressive.
De son côté, l'exécutif n'a laissé que peu de marge de manoeuvre aux partenaires sociaux, qui devaient réformer tout en dégageant 440 millions d'euros d'économies. Un véritable jeu d'équilibriste...
L'U2P appelle à renégocier
L'U2P, organisation patronale représentative des artisans, indépendants et professionnels libéraux, voit en l'échec de ces négociations "la triste illustration de l’archaïsme de la méthode suivie", et évoque "une occasion manquée".
"Améliorer l’emploi des seniors et favoriser les reconversions professionnelles étaient en effet une priorité dans la mesure où le pays doit faire face à des défis économiques de grande ampleur", déplore l'organisation dans un communiqué. "De même, les mutations énergétiques, écologiques et numériques exigent de nouvelles compétences et qualifications", poursuit l'U2P, qui rappelle avoir proposé la tenue d'un entretien professionnel lors de la visite médicale de mi-carrière, "permettant au salarié de décider de sa seconde partie de carrière plutôt que de la subir."
Dans cette optique, l'organisation patronale invite les partenaires sociaux à se réunir de nouveau le 16 avril prochain, pour négocier les modalités de création d’un Compte Épargne Temps Universel. "L’U2P considère en effet qu’il y a la place pour une solution gagnante à la fois pour les entreprises et pour les salariés, les petites entreprises pouvant y trouver un nouveau levier pour attirer et fidéliser les salariés".
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