Organiser un atelier Wecandoo : "750€ de CA en moyenne en plus tous les mois !"
Comment expliquez-vous un tel engouement pour le concept Wecandoo ?
Le métier de l’artisan évolue. Historiquement, son activité était très liée à la production. Mais, aujourd’hui, avec le digital et l’apparition des réseaux sociaux, il a besoin de communiquer différemment et de créer un lien avec son client final.
Les ateliers Wecandoo correspondent à un moment d’échange lors desquels l’artisan accueille directement les clients, chez lui, et permet un autre regard sur son savoir-faire…
Les participants se disent : "Alors c’est comme ça que c’est fabriqué !". Cela entraîne une vraie notion de pédagogie sur le "prix" du produit artisanal. En s’y attelant eux-mêmes, le grand public comprend mieux pourquoi, si on met une journée à faire une table, elle ne peut pas valoir 15 €, comme chez Ikea !
Cet enthousiasme a-t-il été accentué avec la crise liée à la Covid ?
Absolument ! Paradoxalement, nous avons eu une explosion des demandes d’artisans pour accueillir des gens chez eux alors même qu’ils étaient confinés. Ils se sont dit : "Il faut que j’apprenne à me connecter différemment à mes clients et à garder le lien".
"Nous voulons développer l’Artisanat car les artisans sont les garants du génie humain, et que ce génie ne peut être transmis que d’homme à homme."
Quels sont les critères à réunir pour un artisan qui aimerait vous rejoindre ? Un profil type ?
Nous avons défini une liste d’une dizaine de critères. Parmi les plus importants :
- Il faut que ce soit des artisans professionnels, dont ce soit le métier à temps plein (un diplôme dans leur métier est requis ou deux ans d’expérience). Cela ne peut donc pas être des gens qui font ça en loisir chez eux !
- Il faut qu’ils aient un local en propre, séparé de leur hébergement.
- Il faut également qu’il y ait la notion de "transformation de matière" ou l’idée de création, afin que les participants puissent repartir concrètement avec quelque chose dans leurs mains.
Concernant les activités, nous nous concentrons surtout sur les métiers de bouche, la fabrication et les métiers d’art : fromagers, ébénistes, pâtissiers, maroquiniers, potiers, couturiers, glaciers, brasseurs, fleuristes… Nous ne sommes pas sectaires !
Nous considérons que quelqu’un qui fait très bien du fromage a autant de savoir-faire que quelqu’un qui fait très bien un meuble par exemple.
Morgane Leroux, tisserande à Toulouse.
Comment accompagnez-vous les artisans qui souhaitent se lancer ?
Nous avons une équipe de 13 personnes qui sillonne la France pour rencontrer tous les artisans. C’est très important de voir où ils travaillent, leur environnement, leur parc machines…
Au départ, il y a toujours un moment d’échange, qui dure 1h-1h30, pour découvrir leur univers, déterminer ce qui est passionnant dans leur parcours, les pièces emblématiques auxquelles ils ne vont pas penser instinctivement et qui pourront le plus séduire le public.
Nous ne pouvons pas être experts dans tous les métiers donc nous sommes énormément à l’écoute…
Notre équipe, composée de designers ou artisans expérimentés, les accompagne alors à la "création de l’expérience" : durée de l’atelier, quel objet on va créer, les grandes étapes… Afin de co-construire une expérience la plus cool possible !
"Nous incitons les artisans à se mettre dans les chaussures du client. Nous avons accueilli quasiment 150.000 personnes en quatre ans donc nous savons ce qui leur plaît."
En quoi consiste votre encadrement une fois l’atelier créé ?
Nous mettons l’offre en ligne sur un espace dédié de notre site qui regroupe les ateliers proposés, des photos et une vidéo de présentation professionnels.
Puis, nous accompagnons l’artisan… sur tout !
Au début, il peut avoir une certaine pudeur à ouvrir ses portes et à parler en public donc nous le conseillons sur comment briser la glace : se présenter, raconter son parcours, préparer quelques petites anecdotes ou blagues pour immerger les clients dans son quotidien et son univers…
Nous leur fournissons un document qui résume tout cela, basé sur nos retours d’expériences. Et, bien sûr, nous sommes toujours disponibles pour les aider en cas de questions ou de doutes par la suite.
Nous gérons aussi la partie administrative, afin de leur offrir une prestation "clés en main" (édition de toutes les factures…), et la partie "support clients", en répondant aux appels en cas de questions sur le déroulement d’un atelier.
"Nous faisons en sorte que l’artisan reste concentré sur son activité principale car il n’a pas toute la journée pour répondre au téléphone !"
Nous nous occupons aussi de toute la communication. Nous organisons par exemple des visites d’ateliers avec des journalistes, pour que leur entreprise et leur marque aient plus de visibilité.
Le fait de communiquer très ouvertement sur les artisans avec qui nous travaillons leur permet de gagner en notoriété et la confiance des clients.
De nombreux artisans nous ont fait des retours très positifs en nous disant : "Non seulement, les gens viennent participer à un atelier donc nous passons un bon moment ensemble mais, en plus, après, ils deviennent des clients réguliers".
Une fois qu’une personne a passé deux heures chez un ébéniste, le jour où elle aura besoin d’une table, elle ira directement chez celui avec qui elle a partagé un peu de temps !
Et donc l’artisan garde la main sur son planning ?
La seule chose qu’il a à faire, c’est justement de mettre des dates en ligne et d’être là le jour J !
Nous n’imposons aucun format et lui laissons le champ libre. Un atelier peut ainsi durer aussi bien 45 minutes qu’un week-end.
Même variation concernant l’effectif : un bijoutier qui a peu de place ne pourra accueillir qu’une personne mais un boucher peut aller jusqu’à un groupe de dix. Nous essayons de limiter à douze participants pour que cela reste un moment convivial et de proximité, où chacun se sente à l’aise pour poser des questions.
Nous déterminons aussi avec l’artisan un seuil minimum pour lui garantir le chiffre d’affaires espéré. Si l’effectif n’est pas atteint, nous appelons nous-mêmes les clients pour les replacer sur un autre créneau. L’artisan est vraiment tranquille…
Nous leur demandons juste un minimum d’engagement : au moins un atelier par mois, ce qui n’est pas trop contraignant !
Qu’est-ce que cela coûte concrètement à l’artisan et qu’est-ce qu’il peut espérer engranger ?
En termes de gain, la moyenne est de 750 € de CA en plus par mois mais cela peut aller bien au-delà, jusqu’à 10.000 € mensuels pour certains !
Nous appliquons de notre côté une commission de 20% sur chaque réservation. Notre système est très transparent.
Steve Cassou, céramiste à Nantes.
Quelles sont vos perspectives à court terme ?
Au début de l’année, nous étions présents dans une vingtaine de villes. Nous en visons une quarantaine pour la fin 2021. Nous nous sommes implantés à Perpignan d’ailleurs ces jours-ci !
Pour l’heure, nous avons beaucoup de demandes de clients que nous ne pouvons honorer donc nous sommes en recherche constante de nouveaux artisans : surtout dans la céramique (faire du tournage, ça cartonne !), dans les métiers de bouche aussi (autour du pain, de la boulangerie, du fromage, de la bière, de la distillation ou l’assemblage d’alcool)…
Vous organisez aussi désormais des événements à destination des entreprises ou des rencontres entre artisans ?
Nous avons en effet un département de quatre personnes en interne, un peu comme une agence d’événementiel dédiée à la mise en avant des savoir-faire.
Nous organisons beaucoup de "team bulding" ou des "after-works" pour des groupes de dix à… plusieurs centaines de personnes !
"Pendant le confinement, nous avons lancé un événement qui réunissait 45 artisans connectés sur Zoom et envoyé 1.500 kits dans toute l’Europe pour que les clients participent à des ateliers en visio (terrarium, savon, céramique, assemblage de vin…). C’était assez impressionnant !"
Sinon, nous procédons en physique :
- dans un lieu spécialement conçu à Paris,
- directement en entreprise
- ou dans une salle qu’on loue pour l’occasion.
C’est un revenu complémentaire très intéressant pour l’artisan qui peut gagner directement entre 1.000 et 3.000 € !
Enfin, nous avons conservé l’approche associative qui nous caractérise depuis nos débuts pour "animer le collectif".
Nous organisons par exemple des pots, dans toutes les villes où nous sommes implantés, pour que les artisans puissent se rencontrer, profiter de petites formations ciblées (par exemple : comment bien définir ses prix de vente).
Cela engendre souvent des collaborations artistiques entre eux, des partages d’expériences, de contacts de fournisseurs…
L’idée de fédérer une véritable communauté autour de Wecandoo nous plaît beaucoup !
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