Pérennité des titres restaurant : 800 millions au profit de la grande distribution… et au détriment des petits commerces
2022 a marqué un cap dans l'utilisation des "tickets resto" : à compter de cette date, il est devenu possible pour les bénéficiaires de les utiliser pour réaliser des achats de produits alimentaires non consommables immédiatement, tels que les pâtes ou le riz.
Une décision à laquelle les restaurateurs et commerçants se sont fermement opposés, réclamant l'arrêt de cette utilisation.
Cette demande n'a pas été retenue par le gouvernement, qui a souhaité (et souhaite toujours) maintenir cette pratique pour s’adapter aux nouvelles habitudes de vie des Français, notamment le télétravail et la flexibilité des horaires.
Depuis cette fameuse extension, environ 800 millions d'euros de titres restaurant ont été dépensés dans la grande distribution, d'après les chiffres avancés par le Groupement des hôtelleries et restauration de France (GHR). Le tout au détriment des restaurateurs, boulangers, pâtissiers, charcutiers, traiteurs et maraîchers, qui s'inquiètent de voir se pérenniser ce dispositif, comme l'a relayé récemment l’U2P (Union des entreprises de proximité).
Et pour cause : une grande partie des restaurateurs sont dépendants de ces titres. Ils représentent parfois une part colossale de leur chiffre d’affaires, "40%, voire 50% ou 60% pour certains", toujours selon le GHR. Dominique Anract, Président de la Confédération Nationale de la Boulangerie-Pâtisserie Française (CNBPF), indique même que "si ça continue, beaucoup vont mettre la clé sous la porte".
Pas de double plafond
Les restaurateurs militaient par ailleurs pour l'instauration d'un double plafond. Dans les grandes et moyennes surfaces (GMS), les salariés ne pourraient utiliser que 10€ par jour en titres restaurant, tandis que la limite serait de 25€ dans les autres commerces.
Cependant, cette proposition a également été rejetée par le gouvernement, ce dernier préférant préserver le pouvoir d'achat des Français.
Rééquilibrer les commissions bancaires
Autre sujet problématique du dossier : les commissions bancaires versées par les commerçants et restaurateurs aux émetteurs des titres restaurant.
Alors que ces commissions sont inférieures à 0,5% dans le secteur bancaire, les émetteurs n'hésitent pas à exiger plus de 4% pour les titres restaurant.
En ce sens, l'U2P demande un rééquilibrage de ces commissions pour éviter les pratiques anticoncurrentielles. L'organisation patronale précise par ailleurs : "Il serait inconcevable que ce titre créé en France et exporté ailleurs, qui crée plus d'emplois et génère plus de recettes fiscales dans les commerces de proximité que dans les grandes et moyennes surfaces, disparaisse".
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