Quels chantiers attendent le nouveau président de l'U2P, Michel Picon ?
Passation de pouvoir à la tête de l’Union des entreprises de proximité (U2P). Après trois années de présidence, Dominique Métayer, artisan-maçon et vice-président de la Capeb vient de confier les clés de la boutique à l’expert-comptable Michel Picon, jusqu’alors président de l’Union nationale des professions libérales (Unapl).
Selon les règles de la présidence tournante en vigueur entre les différentes composantes de l’U2P, ce dernier tiendra les rênes de l’organisation patronale jusqu’en janvier 2028. A cette date, les règles relatives à la présidence de l’Union devraient avoir évolué, pour limiter la durée des mandats présidentiels à trois années « afin de mieux assurer la rotation entre les quatre composantes de l’U2P », explique Michel Picon, à savoir la Capeb, l’Unapl, la CGAD (alimentation et hôtellerie-restauration) et la CNAMS (fabrication et services). Ce changement statutaire devrait être adopté ces prochains jours.
Peser face au Medef
Pour cet agent général d’assurance camarguais qui, jusqu’à présent, occupait la fonction de vice-président de l’organisation en charge des questions d’emploi et d’assurance-chômage, le travail de président de l’U2P avait, de toutes façons, débuté quelques jours plus tôt lors de la rencontre des partenaires sociaux avec Gabriel Attal à Matignon.
L’occasion d’évoquer avec le nouveau Premier Ministre les principaux dossiers à l’agenda du syndicat des artisans et des professionnels libéraux... A commencer par celui de la représentativité patronale. Un sujet toujours brûlant pour l’Union depuis la loi El Khomri, qui a inscrit dans le marbre une règle de représentativité dans laquelle le nombre d’entreprises adhérentes à une confédération d’employeurs ne compte que pour 30% alors que les effectifs salariés pèsent 70% du classement final.
Une clé de calcul qui assure au Medef une prédominance dans le camp patronal, à la CPME sa place de deuxième et à l’U2P… un simple strapontin dans les instances paritaires et la négociation collective, en dépit des quelques 2,8 millions d’entreprises. C’est d’ailleurs cette répartition « injuste » qui avait, en 2016, poussé l’ancienne UPA à se rapprocher de l’Unapl afin de peser davantage. Puis, en octobre dernier, de lancer le projet de création d’un « cinquième pôle » de l’U2P visant à y intégrer toutes les TPE non-couvertes par l’une de ses quatre composantes et à permettre l’adhésion directe d’une entreprise à l’Union.
« Nous n’avons pas la place qui nous revient dans le champ social ! » conclut Michel Picon. Pour rééquilibrer les forces, le nouveau président entend « prochainement » présenter au Premier Ministre et à sa ministre du Travail Catherine Vautrin une série de propositions visant à instaurer « un nouveau coefficient de représentativité modulée » qui donnerait plus de voix aux représentants des TPE, mais pourrait aussi réviser le système de la « double adhésion » des entreprises à une confédération patronale – une première fois via la branche, une seconde au niveau territorial – qui multiplie artificiellement le nombre des adhérents revendiqués par les organisations d’employeurs et fausse donc leur périmètre réel.
L’affaire risque donc de créer à nouveau quelques tensions dans le camp patronal – déjà fracturé par le récent désaccord sur l’Agirc-Arrco qui a opposé, en octobre dernier le Medef d’un côté et la CPME et l’U2P de l’autre – mais Michel Picon veut jouer la carte de « l’apaisement » en proposant à Patrick Martin, son homologue de l’Avenue Bosquet, une discussion à ce sujet.
150 propositions de simplification administrative
Moins violent que les heurts entre patrons, le « choc de simplification administrative » promis lors des dernières rencontres de l’U2P de septembre 2023 par Bruno Le Maire – et réitéré depuis par Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse du 16 janvier – est tout autant, voire davantage attendu par les dirigeants de TPE et leurs représentants. Le locataire de Bercy qui avait fait le déplacement le 25 janvier pour saluer le nouveau président de l’Union, a confirmé son engagement à mener ce chantier à terme.
« Il faut faire une révolution idéologique dans la relation entre administration et administrés. L’administration doit arrêter de considérer chaque administré comme un fraudeur potentiel. Il faut apprendre à faire confiance au citoyen, à l’entreprise. Nous ne sommes pas là pour les fliquer ! » a énoncé le ministre de l’Economie et des Finances, s’engageant pour produire, dans les prochains mois, « une simplification drastique » des normes en matière fiscale, sanitaire et administrative.
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