Salons de coiffure : vers "un pic historique" de faillites

Gilets jaunes, crise sanitaire, hausse des coûts de l’énergie, baisse du pouvoir d’achat, manifestations contre les retraites, violences urbaines, changements profonds des comportements de consommation…, les salons de coiffure n'ont pas été épargnés ces dernières années. 

Résultat : les faillites sont en nette augmentation depuis le début de l’année, se rapprochant dangereusement du triste record de 2015 et ses 1.089 défaillances.

Selon le cabinet Altares, 602 procédures de liquidations, de redressements judiciaires et de sauvegardes ont été ouvertes devant les tribunaux de commerce entre le 1ᵉʳ janvier et le 30 juin 2023, soit +49% par rapport à la même période de 2022. Point de comparaison bien plus effrayant : +181% par rapport à 2021.

"Sur la totalité de l’année 2023, je n’exclus pas que nous touchions un pic historique de défaillances, dépassant largement le millier de procédures", a précisé Thierry Millon, directeur du cabinet en charge de cette étude.

L’Unec temporise en évoquant une "régulation"

Face à ces chiffres, le président de l’Union nationale des entreprises de coiffure (Unec), Christophe Doré, a indiqué qu’il n’y a avait "rien d’alarmant", y voyant même une "régulation du secteur".

Depuis la crise sanitaire, un grand nombre d’établissements de coiffure ont vu le jour, "mais peut-être qu’il y en a trop". "Ce n’est pas en multipliant les salons qu’on arrivera à mieux se partager le gâteau", a-t-il estimé.

Les petits salons plus fragiles 

Sur les 100.000 établissements de coiffure implantés en France, les deux tiers sont des salons (vs  85.000 il y a cinq ans). Le reste des effectifs étant des coiffeurs à domicile (source : Unec).

Selon Thierry Millon, les établissements les plus vulnérables sont "des salons indépendants, de petite taille, avec en général moins de trois salariés". Ces établissements, avec une marge faible, se situent principalement dans des villes moyennes ou des métropoles, et souffrent de la concurrence locale, notamment celle des grandes chaînes, bien plus robustes que les petites entités.

Les nouvelles tendances influent l’économie

À ces difficultés, s'ajoute celle des nouvelles habitudes côté consommateurs. Visites moins fréquentes pour préserver son porte-monnaie, des couleurs plus espacées pour privilégier le naturel… Ce changement de mentalité, né du confinement puis du télétravail, perdure… Toutes ces évolutions ont une influence sur le fonctionnement des salons, et sur les pertes de revenus.

L’Unec comptabilise en moyenne quatre visites annuelles pour les femmes et six pour les hommes : des chiffres en baisse.

À noter que la baisse de fréquentation est particulièrement pénalisante pour les établissements qui n’ont pas encore fini de rembourser les prêts garantis par l’État (PGE) accordés pendant la crise sanitaire. Plus de 18.000 établissements de coiffure en avaient bénéficié entre 2020 et 2021...