Toute distinction est-elle bonne à prendre ?
Le paysage des concours professionnels dans l’artisanat est aujourd’hui marqué par une grande diversité d’organisateurs, d’échelles et de critères de sélection.
On y trouve des événements initiés par des institutions reconnues, des associations locales, des écoles spécialisées, des Salons professionnels, des médias ou encore des marques.
Si cette variété permet de mettre en lumière des talents venus d’horizons variés, elle peut également brouiller les repères et diluer la valeur des distinctions obtenues.
Gare aux appellations trompeuses
Face à l’abondance des concours, il est important de rester vigilant quant aux appellations employées.
Un “concours international” ne signifie pas nécessairement qu’il s’agit d’une compétition d’envergure mondiale, regroupant les meilleurs artisans du globe.
Si elle n’est pas fondée sur des critères objectifs et vérifiables, l’utilisation d’une distinction peut être considérée comme une pratique commerciale trompeuse, car elle peut induire le consommateur en erreur.
En cas de doute sur la qualité ou la véracité d’un titre, la répression des fraudes (DGCCRF) peut ainsi intervenir.
Si la DGCCRF reçoit une plainte ou a des motifs de présumer qu’un artisan utilise un titre trompeur, elle peut mener des investigations (réclamation de justificatifs, contrôles sur place).
En cas de pratique commerciale trompeuse avérée, des sanctions peuvent alors être prononcées (injonction à cesser la pratique trompeuse, amende administrative, publicité corrective).
Prérequis d’un concours sérieux
Pour évaluer la crédibilité de l’événement, il est important de se renseigner sur les critères de sélection, la composition du jury et le palmarès des éditions précédentes.
Un concours professionnel sérieux doit répondre à certains critères essentiels. Parmi eux, citons :
- la légitimité de l’organisateur : le concours doit être organisé par une institution ou une association représentative de la profession, jouissant d’une réputation solide et d’une expertise reconnue dans le domaine ;
- l’expertise du jury : il doit être composé de professionnels expérimentés et reconnus dans le métier, capables d’évaluer les créations avec justesse et objectivité ;
- la densité de l’effectif : le nombre de participants doit être suffisant pour garantir une compétition de qualité et permettre une réelle comparaison des talents ;
- une grille de notation claire et précise : elle doit être clairement définie et communiquée aux candidats, précisant les critères d’évaluation et la pondération de chaque élément.
Exploiter ses distinctions avec justesse
Remporter un prix dans un concours professionnel prestigieux est une source de grande fierté et une reconnaissance précieuse du talent d’un artisan.
Cependant, il est important de ne pas s’enorgueillir outre mesure et de savoir exploiter cette distinction avec justesse et modestie.
Une communication mesurée et ciblée, mettant en avant la démarche artistique et le savoir-faire unique de l’artisan, permettra de tirer pleinement parti de cette reconnaissance sans tomber dans l’autopromotion excessive.
Il convient également de ne pas “se reposer sur ses lauriers” en exploitant un titre qui ne serait pas de première fraîcheur.
Concours et diplômes : une complémentarité précieuse
S’il est indéniable que les concours professionnels peuvent jouer un rôle important dans la valorisation des savoir-faire et la reconnaissance des talents, il convient de les distinguer des diplômes tels que ceux de MOF, qui sont des certifications académiques reconnues par l’État. Les concours peuvent servir de tremplin vers ces diplômes tant convoités, dans le sens où ils permettent de “mettre un pied” dans l’excellence et d’entretenir son réseau.
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