Un ministre au taquet
Alain Griset, ministre délégué aux Petites et Moyennes Entreprises, a consacré deux heures de son emploi du temps au Mobilier national, captivé par les savoir-faire qui s’y épanouissent. Ici, le travail de la main est à l’honneur.
Une excellence ouverte sur l’extérieur
La visite, sous la houlette d’Hervé Lemoine, directeur du Mobilier national, commence par l’atelier de recherche et création (métal) qui fait du prototypage de mobilier contemporain.
« Nous procédons par des appels à projet de créateurs extérieurs ; nous développons ensuite le meuble ensemble », explique Stéphane Aguettant, prototypiste à l’atelier. Il travaille notamment sur une table pour le Conseil des ministres.
Plus loin, et plus haut, nous voilà dans une partie « garde-meuble ». « Nous avons 25 000 pièces (sans compter les textiles) datant du XVIIe siècle à nos jours », précise Emmanuel Pénicaut, directeur du département de la production. « 600 “bénéficiaires de droit” en profitent actuellement » (Élysée, ambassades de France…).
Le Mobilier national les entretient et restaure, et sous-traite ces tâches « quand cela dépasse nos compétences ». Justement, nous voilà dans un atelier de restauration de tapis dits « de Savonnerie* », où les artisans œuvrent point par point, penchés sur les couleurs délicates fanées ou abimées. « Ils sont les seuls à maîtriser cette technique à ce niveau d’excellence », nous confie-t-on.
À noter que le Mobilier national possède son propre institut d’apprentissage aux métiers de lissiers et de restaurateurs de tapis et tapisseries (CAP et BMA).
Dans l’atelier de création textile, des œuvres d’artistes contemporains sont sélectionnées pour être réalisées en tapisserie, sur des métiers de haute-lisse (verticaux). « Le Danemark a commandé 16 tapisseries, 4 sont faites ici, le reste dans les ateliers d’Aubusson », pointe Hervé Lemoine. Avoir cet effet « levier » est selon lui « le rôle d’une structure d’État ».
Un plan de soutien aux métiers d’art
Hervé Lemoine a tellement cette mission à cœur que les événements récents lui ont inspiré un plan d’action. « Nous étions confinés. Qui s’intéressait alors aux métiers d’art ? À l’impact que cela pouvait avoir sur eux ? Qui les soutenait ? ».
Il a pris les choses en main, avec son conseiller Loïc Turpin. « Nous avons identifié des pièces qui présentent des compétences techniques que nous n’avons pas, et que la crise risquait de faire disparaître ».
Le Mobilier national a donc engagé une vaste campagne de restauration inédite sur sa collection de mobilier Art déco 1930-50, dotée d’une enveloppe de 150 000 €. L’appel à candidatures a été publié et les artisans viennent d’être sélectionnés.
Le Mobilier national double ainsi ses commandes à son réseau de sous-traitants. « Les meubles sont prêts à partir dans leurs ateliers pour être restaurés et revenir, rutilants, dans nos collections ! », se satisfait Hervé Lemoine.
Cette initiative a séduit le Ministre Alain Griset, qui se dit prêt à s’engager pour en soutenir d’autres du même ordre (savoir-faire menacés) auprès du Gouvernement. « Je signe aussi ! », s’exclame Stéphane Bern, présent lors de la visite, grand défenseur du patrimoine lui aussi fasciné par les savoir-faire. La cause des métiers d’arts est entre de bonnes mains.
* Du nom de la première manufacture royale du genre.
Plan de soutien du Mobilier national**
18 artisans et restaurateurs sont bénéficiaires de l’opération dont :
- 7 restaurateurs du patrimoine,
- 8 artisans d’art,
- 3 prestataires ayant la double compétence restaurateur du patrimoine/artisan d’art.
→ À titre d’exemple, une coiffeuse de Colette Gueden réalisée en 1946, entièrement en métal chromé et miroir, sera restaurée. Elle a figuré à l’Élysée dans la salle de bain de René Coty, puis au Fort de Brégançon.
**En concertation avec l’Institut national des métiers d’art.
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