Conjoncture

Artisanat du bâtiment : une année 2023 dans le rouge

Le 18/01/2024
par Samira Hamiche
Plombée par le ralentissement de la construction neuve, l'activité des petites entreprises du bâtiment a été marquée l'an passé par une nette décroissance. Si celle-ci risque de perdurer en 2024, la Capeb tend à pondérer cette conjoncture défavorable, confiante en la résilience des artisans.
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La Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) a présenté mercredi 17 janvier les chiffres de l'activité du secteur au 4e trimestre 2023, levant ainsi le voile sur le bilan de l'année.

Une décroissance qui s'installe...

Sans surprise et comme envisagé en septembre dernier, le secteur des petites entreprises du bâtiment (moins de 20 salariés) a connu en 2023 un ralentissement de sa croissance : -0,6% sur l'année (en volume, en glissement annuel). Cette décroissance a été plus marquée au quatrième trimestre (-1,5%).

Le neuf a tiré les chiffres vers le bas, toutes spécialités confondues  : -2,3% en 2023 et -4,5% au T4. Les autorisations de mise en chantier ont reculé de 25% environ l'an dernier : un frein aux chantiers des artisans du bâtiment. Premier corps de métier à intervenir sur les constructions neuves, la maçonnerie est, mécaniquement, la spécialité ayant le plus souffert de cette baisse d'activité : -2,5% au T4. 

Le ralentissement de l’activité est généralisé à toute la France, mais il est particulièrement marqué dans les régions Hauts-de-France, Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté.

 

Dans l'ensemble, la Capeb ne note pas de signaux d'amélioration potentielle pour ces prochains mois. L'organisation s’attend par conséquent à la poursuite de la réduction des carnets de commande entamée en 2022. Au 4e trimestre 2023, le niveau des carnets de commandes représente 75 jours de travail à venir, soit 21 jours de moins qu'au T4 2022 (approximativement le même niveau qu'en 2019.

Malgré tout, l'heure est à la détermination. "On a déjà connu ça dans le passé : les petites entreprises devront être plus agiles, elles ont la capacité de l'être", a ainsi nuancé le président de la Capeb, Jean-Christophe Repon

>> Lire aussi : 2024, l'année de la "TPE Solutions"

L'entretien-rénovation garde le cap 

À l'inverse du neuf, l’entretien-rénovation a, comme souvent, tiré son épingle du jeu (+1,5% en 2023, 0% au T4), ce qui a permis à nombre d'artisans du bâtiment de remplir leur carnet de commande...

Mais pour combien de temps ?  La Capeb s'interroge, et son mécontentement au sujet de Ma Prime Rénov' ne s'essoufle pas. L'organisation juge en effet ce nouveau dispositif inadapté et trop éloigné des réalités du terrain

Dégâts collatéraux sur l'emploi dans les petites entreprises

L'an dernier, le ralentissement généralisé de l'activité a accéléré les défaillances de petites entreprises du bâtiment. Au 4e trimestre, 3.000 chefs d'entreprise ont ainsi mis la clé sous la porte.

Un chiffre détonnant qu'il convient de pondérer... La Capeb l'explique notamment par le sursis accordé aux entreprises durant le Covid : maintenues par des aides et par le PGE, nombre de petites structures ont en effet dû rendre les armes lorsque la conjoncture s'est faite plus féroce... Mais lissé sur plusieurs années, le chiffre des défaillances n'a, hélas, rien d'extraordinaire.

À l'arrivée, le climat est à la frilosité quant aux recrutements. Seuls 12% des artisans du bâtiment entendent embaucher au premier semestre 2024, contre 19% au deuxième semestre 2023. Une tendance à coupler à la hausse des intentions de licenciements ou de non-reconductions de contrats : 8% au 1er semestre 2024, contre 5% au 2nd semestre 2023.

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