Relancer un savoir-faire disparu

Retour vers le bel ouvrage

Le 29/06/2017
par Mélanie Kochert
Avec une volonté accrue de redonner du sens à leur métier, de nombreux artisans décident de revenir aux sources, en relançant une activité ou un savoir-faire disparu. Ils produisent avec soin, en petite quantité et misent tout sur la qualité d’une tradition, tombée en désuétude par la volatilité d’une mode ou les évolutions techniques. Tous attestent du bénéfice de s’adresser directement à une clientèle de particuliers et de professionnels en quête d’authenticité. Des clients pour qui la facture artisanale fournit matière au rêve, et qui redécouvrent les vertus du bel ouvrage.
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Marc Chenue - Artisan siropier : les nectars de la nature

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Son métier avait connu son heure de gloire à l’époque médiévale. Avant de disparaître à la fin du XIXe siècle, emporté par les évolutions techniques de la révolution industrielle. Faire revivre le geste manuel de l’artisan siropier, c’est le challenge auquel s’attelle Marc Chenue depuis deux décennies. Des fruits comme des fleurs, des épices, des plantes aromatiques… l’autodidacte connaît toutes les particularités. Dans son laboratoire, le quinquagénaire passionné de goûts authentiques n’a eu de cesse de composer et d’améliorer ses infusions, macérations et décoctions au fil du temps, comme s’il s’agissait de potions magiques.

Installé au cœur de la cité médiévale de Chevreuse (78), Marc Chenue a ouvert L’Alchimiste, le premier "bar à sirops" d’Île-de-France, il y a tout juste deux ans. Aromatiques, fruités, floraux, épicés, torréfiés… ses nectars imaginés à partir de matières brutes, sans arôme, colorant ni conservateur, se distinguent par leurs parfums délicats et leurs saveurs subtiles. Un peu magicien, le siropier a compris que les richesses de la nature gagnaient aussi… à être mises en flacon. "Tout a commencé par le sirop de verveine au gingembre, ma première réalisation." Fort de cette trouvaille insolite qui reste, vingt ans après, l’un de ses produits phare, Marc Chenue a conquis les papilles avec 70 autres variétés : citron à la menthe fraîche, poivre pamplemousse, fleur de tiaré…

L’homme espère désormais parvenir, avec un statut de maître artisan, à lancer ses propres cycles de formation. "Pour transmettre ce savoir authentique, à ma façon."

www.lalchimiste-artisan-siropier.com

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Olivia Oberlin - Éventailliste : de plis et de matières

En 1995, Olivia Oberlin, styliste de formation, découvre à la lecture d’un article de presse qu’un dernier atelier de restauration d’éventails perdure en France. Se positionnant pour rejoindre cette maître éventailliste dont le travail l’éblouit, elle se forme trois ans durant, sous le haut patronage du ministère de la Culture. "J’ai tout de suite vu dans l’éventail une opportunité de m’attacher à une création rare et originale." Elle apprend son métier en restaurant des éventails anciens : plissés, brisés ou à palmes. À son compte depuis près de vingt ans à Épernay (51), Olivia Oberlin n’a plus jamais cessé de créer. Son activité principale réside dans la création d’éventails contemporains originaux, qui portent aujourd’hui sa marque. Dans le respect de la tradition et du savoir-faire, elle enrichit de créativité et de techniques contemporaines la fabrication artisanale de l’éventail. Elle continue également, sur demande, de redonner lustre aux éventails antiques ayant vu sur eux le temps s’écouler. "Je travaille toutes sortes de tissus ou de peaux, mais aussi du vinyle, des dentelles, des mousselines, des jerseys, de la soie, du lin… et même du jean. J’aime plus que tout cette diversité, cette possibilité de toucher à tout." 

Reconnue pour son talent, Olivia Oberlin a notamment été sollicitée par les Opéras de Strasbourg et de Vienne, les maisons Carven, Caron Parfums, Starck… et décoré les vitrines de grandes boutiques parisiennes. Depuis 2006, son activité est labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant.

www.olivia-oberlin.com

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Marion Stich - Atelier d’impression : tourner la presse

Prendre son temps pour bien faire : serait-ce aller contre l’esprit du siècle ? C’est pourtant le pari de Marion Stich, jeune Alsacienne imaginative et bien de son temps, résolue à faire revivre l’art de la carterie artisanale en compagnie de… deux belles centenaires. Ses presses de fer, qu’elle a chinées et chouchoute avec respect, sont les meilleures alliées de son Atelier Encré, structure de création graphique et d’impression letterpress*. "Le Progrès", la petite française, presse à platine manuelle née en 1873, y côtoie "Victor", l’anglaise 1900, originaire de Leicester. Sans oublier "Karl", le vieux gros massicot allemand… "Je suis littéralement tombée amoureuse de ces machines manuelles, tombées en disgrâce avec l’arrivée de l’offset et du numérique", raconte la jeune femme de 31 ans, qui les a elle-même remis en état de marche, "avec un peu d’astuce et d’huile de coude".

Graphiste diplômée de l’École supérieure d’art et de design et implantée à Saint-Maximin (60), Marion a travaillé près de cinq ans en imprimerie. L’occasion de se forger "un bagage pratique, technique" avant de se lancer à son compte et d'allier, en bonne polyvalente, travail de création et d’impression. "Je souhaitais manier de vieilles machines afin d’accentuer le côté artisanal, tout en produisant des créations modernes et personnelles. C’était aussi un moyen de prendre le contre-pied de nos sociétés actuelles où tout va à toute vitesse. Une manière de dire : "Arrêtons-nous cinq minutes pour penser un beau produit, obtenir un rendu de qualité, ouvragé, sur du beau papier. Parce que c’est cela que l’on aura envie de garder"."

* Héritage de Gutenberg, le letterpress remet en lumière un système d’impression typographique des années 1900. Son dispositif d’impression permet d’exercer une pression sur des papiers haut de gamme et de réaliser artisanalement des tirages de qualité.

www.latelier-encre.com

S’inspirer du passé pour créer

Pour être plus attractive, une entreprise gagne à mettre en valeur son ancrage dans une tradition ancienne, tout en l’adaptant au goût du jour. Les anciens métiers sont par ailleurs une source d’inspiration souvent très productive. Prenez d’anciens métiers et posez-vous des questions : pour quoi, comment, avec quelles adaptations pourrais-je redonner vie à cette profession sous une forme moderne ? Quels parallèles établir entre les services d’hier et ceux d’aujourd’hui ? Quels services du passé pourraient-ils revenir au-devant de la scène et être utiles demain ? Utilisez ces pistes pour améliorer vos prestations ou en créer de nouvelles !

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