Produire sa propre matière première

Perles rares

Le 26/12/2017
par Mélanie Kochert
Établi en Polynésie française sur l’atoll de Manihi, Philippe de Villèle a fait de son activité de perliculteur le pivot de son deuxième métier : designer nacrier. De l’élevage des huîtres à la récolte, le Tahitien d’adoption assure lui-même la production des perles qui fondent ses bijoux.
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Philippe de Villèle fait chaque année le tour du monde en avion pour présenter ses créations sur des Salons. Le reste du temps, il crée dans un cadre de travail paradisiaque.

"J’ai intégré la plus ancienne ferme perlière de Polynésie un peu par hasard, en 1997, lors de mon arrivée dans le Pacifique", se souvient Philippe de Villèle, Réunionnais d’origine au parcours atypique.

Un coup de cœur immédiat.

« Très vite, je n’ai plu voulu faire que ça ! La ferme regroupait les meilleurs greffeurs d’huîtres au monde. Ce fut ma chance. J’ai pu suivre les conseils de grands maîtres, et, d’essais en erreurs, j’ai appris. Mon patron m’a dit : le jour où tu te sentiras de te mettre à ton compte, je t’aiderai. »

Après quelques années, il se lance donc en solo, sous le regard bienveillant de ses aînés.

Coquilles en stock

Côtoyer les belles matières l’inspire. Le perliculteur n’y tient plus : en 2004, il crée P2V Création/Manureva Tahiti, un atelier d’art spécialisé dans la réalisation de bijoux. Ses créations sont un mélange de matières. « J’utilise la nacre des coquilles, les perles et les mabés [autres productions perlières de l’huître, inséminées contre la coquille et non dans le corps même du mollusque, ndlr] », note Philippe de Villèle, l’un des seuls perliculteurs de Polynésie à étendre ses pratiques de greffe aux mabés.

« À Manihi, nous bénéficions d’une variété d’huîtres perlières extrêmement large : irisée, aubergine, verte, rose… Un vrai arc-en-ciel de couleurs ! »

Dans sa production, rien ne se perd. "Je dois avoir aujourd’hui une tonne de coquilles en stock, dont je peux me servir à l’envi. Car même la nacre est très irisée et pleine de variantes. La créativité n’en est que décuplée."

Créations sur mesure

Depuis cinq ans, l’artisan travaille avec un bijoutier spécialisé dans la fonte. "On se lance des défis. Je dessine beaucoup, j’imagine des sertissages spéciaux, des créations sur-mesure, de plus en plus. D’une pièce, l’inspiration rebondit vers une autre."

Ses créations sont vendues à Tahiti, mais aussi en métropole, ou à la Réunion. Heureux de l’écho rencontré à l’export, l’artisan Philippe de Villèle fait chaque année le tour du monde en avion pour être présent sur des Salons. En décembre, il a orné de couleurs polynésiennes le Rendez-vous des métiers d’art de Boissy-Saint-Léger (Val-de-Marne).


tahitienfrance.free.fr/boutiques/p2v_creation.htm

Le chemin le plus court

« Produire sa propre matière première simplifie énormément le processus de production. On maîtrise tout, le circuit est beaucoup plus simple. Avec tout sous la main, 24 heures sur 24, je gagne un temps fou. Et puis, sur mon atoll, je récolte des nacres exceptionnelles, avec des marbrures, des effets… Les bijoutiers qui travaillent la nacre ne trouvent jamais ce genre de coquilles. Moi, lorsque j’ai le projet pour les utiliser à leur meilleur effet, il me suffit d’aller les chercher dans ma réserve ! »

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