Repousser les limites de la créativité
Joli coup de fourchette
Début des années 70. Philippe Tournaire répare des télés dans l’entreprise paternelle, bricole des bijoux à partir des chutes de fils de cuivre. Pour lui, pour les copains ou les copains des copains. Philippe tâtonne mais le bouche-à-oreille fonctionne. "Il ne maîtrisait aucune technique ! Il faut dire que Saint-Germain Laval, entre Clermont-Ferrand et Lyon, n’est pas franchement un berceau du savoir-faire joaillier", s’amuse Mathieu Tournaire. Son père développe ainsi sa patte, spécifique et atypique, "comme lorsqu’il a transformé habilement une fourchette trouvée chez sa grand-mère en bracelet pour une de ses amies, un design qui perdure encore aujourd’hui". Un style est né. Philippe va le parfaire pendant dix ans, dans la cave de ses parents, avant d’ouvrir sa première boutique à Montbrison (Loire).
Durable, original, solide et made in France
La Maison Tournaire respecte des préceptes simples. "On ne suit ni rythmes de collections ni tendances. Nous préférons l’idée que nous vendons des histoires plutôt que des bijoux et que nous fabriquons quelque chose de durable, de solide, dans une optique de transmission familiale", affirme Mathieu. Autre point d’honneur : tout est fabriqué dans l’atelier, sans aucune sous-traitance. "En termes de techniques de joaillerie, nous avons pris le meilleur du passé et le meilleur du futur. Nous sommes aussi bien capables d’utiliser une technique vieille de plusieurs milliers d’années, comme la fonte à cire perdue (puisque nous possédons notre propre fonderie), que des techniques modernes telles que l’impression 3D !"
Le rhum le plus cher du Monde
"Une campagne de communication à grande échelle peut coûter des millions, nous avons donc préféré miser sur des partenariats d’exception." Initiée il y a douze ans avec les skis Lacroix, la Maison Tournaire n’a eu de cesse depuis d’utiliser cette stratégie pour faire parler d’elle. Boule de pétanque en or sertie de diamants pour Obut, bouteille de rhum pour la Maison Clément ("la plus chère du Monde, vendue 100 000 euros à un collectionneur !"), casque audio signé Focal en partenariat avec Ubisoft, pour la sortie mondiale du dernier Assasin’s Creed ("un jeu vidéo vendu à des millions d’exemplaires"). "On montre par ce biais qu’on est sans limite et, en plus, on parfait d’autres savoir-faire." Preuve en est : la sortie de leur propre stylo fin 2017. Une autre façon de s’inscrire dans la durée.
Place Vendôme et Carré d’or
Aujourd’hui à la tête de trois boutiques et d’une équipe de trente personnes, Mathieu, qui a rejoint l’entreprise il y a presque dix ans, s’étonne encore : "Quand on voit d’où mon père est parti, sans diplôme, pour posséder aujourd’hui une boutique jouxtant la place Vendôme à Paris, c’est incroyable !" Reprenant peu à peu les rênes de la maison, le fils, désormais directeur général, s’attelle à l’essor de la marque. "En 2017, nous avons développé la boutique historique à Montbrison, rouvert une boutique dans le Carré d’or à Lyon (celle à Confluence ne correspondant pas aux habitudes de notre clientèle lyonnaise) et misé sur les ventes via notre site Internet, qui ont doublé en un an grâce à des événements commerciaux."
Une symbolique universelle
"Nos clients se reconnaissent entre eux, confie fièrement Mathieu. On distingue tout de suite un bijou Tournaire…" Le style affirmé et les créations atypiques maison ont séduit un large public en 45 ans d’existence. "Nos designs phares sont le carré, le triangle et le rond. Des symboles forts et universels qui représentent la vie qui passe (on débute en étant assez carré puis on tend vers plus de rondeur) et qu’on retrouve beaucoup dans l’architecture par exemple (une base carrée et des dômes ronds en hauteur), et ce dans les cultures orientales comme occidentales." Des influences fruits de voyages et de rencontres dont le père comme le fils sont friands.
Dates clés
1973 : Création de l’entreprise et obtention du premier poinçon qui donne officiellement à Philippe Tournaire le droit de fabriquer des bijoux.
1984 : Ouverture de la première boutique à Montbrison, qui est encore le siège social aujourd’hui.
1999 : Ouverture d’une deuxième boutique à Lyon où la Maison Tournaire compte beaucoup d’adeptes.
2004 : Ouverture d’une boutique de 60 m2 Cour Vendôme à Paris, une opportunité en 2013 entraînera l’agrandissement des lieux (130 m2).
2005 : Premier partenariat avec les skis Lacroix.
2008 : Arrivée de Mathieu Tournaire dans l’entreprise. Il débutera à l’atelier avant de prendre d’autres fonctions et de passer directeur général.
2012 : Premier Prix mondial du design et de l’innovation pour la bague French Kiss.
2017 : Partenariats avec Rossignol, Focal et Ubisoft.
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