L’élan de générosité des artisans
Solidarité envers les soignants
Le lendemain de l’annonce du confinement, le mardi 17 mars, la pâtisserie Xavier-Brignon a offert plusieurs caisses de "douceurs" aux soignants du CHRU de Besançon. "La majorité de ces denrées étaient périssables, ce sera notre modeste contribution à leurs efforts", a indiqué l’artisan à nos confrères de L’Est Républicain. Le pâtissier, qui hésitait à maintenir son activité sous la forme de livraison à domicile, a finalement laissé parler la raison en baissant son rideau…
Dans la capitale, le chocolatier Jacques Genin a lancé un "Giving Program" en faisant don de ses stocks aux Hôpitaux de Paris. 400 kg de chocolats devraient ainsi être livrés dans les prochains jours, dont ses œufs de Pâques multicolores. Un réconfort non négligeable envers le personnel soignant si sollicité.
L’entreprise d’échafaudage Le Bras Frères, qui intervenait sur le chantier de Notre-Dame de Paris au moment de l’incendie en avril dernier, a pris la décision de céder l’intégralité de son stock d’équipements de protection individuelle à l’hôpital de Verdun, situé à 2 km seulement de son siège social de Belleville-sur-Meuse. Un magnifique geste de solidarité puisque ce ne sont pas moins de 4.000 combinaisons, 800 masques P2, 80 masques P3 à assistance respiratoire, plusieurs dizaines de sur-chaussures et de gel hydroalcoolique qui ont ainsi été offerts. L’entreprise est elle quasiment à l’arrêt depuis le 17 mars…
Donner plutôt que gaspiller
A l’instar des 180.000 restaurateurs de l'hexagone, Sarah Mouchot et Nicolas Alary, gérants du "Holybelly", dans le Xe arrondissement de Paris, ont appris que leur établissement ne pourrait rouvrir le dimanche 15 mars. Émue aux larmes, la jeune restauratrice a lancé un appel sur Instagram pour écouler la tonne de nourriture périssable qui remplissait ses frigos. En 2 heures seulement, et dans le respect strict des normes sanitaires imposées, 70 personnes se sont présentés devant le restaurant munies de leurs propres contenants. Une perte sèche pour leur chiffre d’affaires mais une victoire sur le gaspillage alimentaire…
Humour, toujours…
Pour lutter contre la morosité ambiante, certains artisans ne se départissent pas de leur sens de l’humour, à l’image du boulanger Nicolas Amaté, installé à Lons-le-Saunier. Posant dans son fournil avec son casque de moto, en affirmant que "les Daft Punk sont des visionnaires", le Jurassien a bien fait rire ses clients abonnés à sa page Facebook.
Dans la série "quand le bâtiment rigole, la toile s’affole", soulignons la prestation chaloupée du plombier-chauffagiste Sidi Drici, qui a souhaité adresser un message de solidarité à tous les entrepreneurs lundi 16 mars, peu avant les annonces d’Emmanuel Macron. Mais aussi mettre au défi tous les "mecs du bâtiment" pour savoir "qui est le plus branché"… A vous de jouer !
A Laval, Sandrine Ribot, qui officie à "La Petite Boul'Ange" dans le centre-ville, a dessiné une marelle devant son établissement. Sa clientèle se prête au jeu avec le sourire. Une bonne façon de passer le temps en attendant de pouvoir passer commande au comptoir…
La boulangère mayennaise va, par ailleurs, offrir des viennoiseries, le plus souvent possible, au personnel soignant du CH de Laval, l'établissement de référence dans le département pour la gestion de l'épidémie, mais aussi aux pharmaciens de son quartier.
Continuer malgré tout…
Le cordonnier meusien Bruno Amicone a délocalisé son atelier à son domicile dès l’annonce du confinement. Et continue à assurer le service pour "limiter la casse" ! Ses clients peuvent ainsi lui envoyer par colis des chaussures abîmées et lui s’occupe de leur livrer réparées. Autre initiative pertinente : une boulangère de son quartier va jouer les intermédiaires, profitant de l’ouverture autorisée de son établissement, pour rendre aux clients du cordonnier leurs chaussures sur présentation de leur ticket et après paiement.
De son côté, à Château-Thierry, le boucher-charcutier-traiteur Lionel Le Roy incite sa clientèle à privilégier les commerces de proximité aux grandes surfaces, et les Français en général à mieux consommer. Depuis le 16 mars, l'artisan assure ainsi des livraisons à domicile tous les après-midi pour toutes les personnes qui ne pourraient pas sortir de chez elle pour faire quelques courses de première nécessité.
>> Le Gouvernement a travaillé avec les professionnels à la rédaction d’un guide des précautions sanitaires à respecter dans le cadre de la livraison de colis et qui généralise notamment la livraison sans contact.
Notons enfin un grand élan de solidarité des ateliers de confection, créatrices de mode et couturières qui, dès le 17 mars, ont mis leur savoir-faire à profit pour concevoir des masques de protection simple. C’est le cas notamment de l’Atelier Tuffery, fabricants lozériens de jeans français, qui offre localement le fruit de leur production. Mais aussi en Lorraine, des Tatas Fringueuses, créatrices de mode nancéiennes, et d’Evelyne Schermann, vice-présidente de l’Unaca 88.
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