Déconfinement : quel scénario pour les artisans ?
Quand s'achèvera la mise en quarantaine des entreprises ? Edouard Philippe avait déjà annoncé il y a quelques jours l'échéance du 11 mai, une date réitérée (avec quelques réserves) lors d'un discours à l'Assemblée nationale ce mardi 28 avril. Devant 75 députés, le Premier ministre a dévoilé les grandes orientations du "plan de déconfinement" qui sera soumis en Conseil des ministres le 2 mai, avant un examen par les députés et sénateurs la semaine du 4 mai.
Parer au "risque d'écroulement"
D'après le chef du Gouvernement, si le confinement a été "un succès", le prolonger "au-delà du strict nécessaire aurait des conséquences gravissimes" pour l'économie du pays. La France, a-t-il martelé, est confrontée à un "risque d'écroulement".
Après le 11 mai, il faudra "vivre avec le virus", "agir avec progressivité" et "adapter le déconfinement aux réalités locales", certains départements étant plus touchés que d'autres. Le déconfinement sera donc progressif et concerté avec les collectivités locales.
En ce sens, la stratégie du Gouvernement s'articulera autour de trois priorités : "protéger, tester, isoler". Dans le cadre de campagnes de dépistages, 700.000 tests seront effectués chaque semaine. Les personnes testées positives seront isolées, chez elles ou dans des chambres d'hôtel.
Concernant la date précise de déconfinement, Edouard Philippe a laissé planer le doute... Les prévisions des modèles épidémiologiques estiment à 3.000 le nombre de nouveaux cas par jour, à compter du 11 mai... Raison pour laquelle le Premier ministre se laisse jusqu'au 7 mai pour trancher au cas par cas, selon la situation sanitaire dans chaque département. En fonction du degré de "relâchement" de la population et si les "indicateurs" sont mauvais, le Premier ministre n’exclut pas de "ne pas déconfiner le 11 mai" ou "de le faire plus strictement".
Déconfinement adapté selon les territoires
Pour les entreprises, le déconfinement sera national, à l'exception des bars, cafés et restaurants, pour lesquels un plan de reprise sera présenté fin mai. Par ailleurs, les préfets "pourront décider de ne pas ouvrir les centres commerciaux de plus de 40.000 mètres carrés", afin d'éviter une trop forte affluence.
La réouverture des commerces dépendra néanmoins de la circulation du virus dans chaque département. Ainsi, les collectivités territoriales pourront décider de la reprise d’activité des entreprises, mais aussi des marchés. Ces derniers ne pourront rouvrir que "si les règles de sécurité sanitaire sont réunies". Le dispositif d'activité partielle, lui, sera prolongé jusqu’au 1er juin. Il sera ensuite adapté, en direction des secteurs vulnérables.
Cette reprise d'activité "sera conditionnée au plan d’organisation du travail". Des concertations seront menées avec les fédérations professionnelles dans les jours qui viennent, pour préciser les précautions à prendre, a précisé Edouard Philippe. Au total, une soixantaine de guides sanitaires seront mis à disposition des branches (actuellement, 33 sont disponibles) par le ministère du Travail.
Par ailleurs, le télétravail devra se poursuivre pour ceux qui en ont la possibilité. L'offre de transports en commun sera révisée à la baisse, et les déplacements à plus de 100 km du domicile (ici un outil pour simuler ce périmètre) devront faire l'objet d'une déclaration préalable justifiée par le travail ou une situation impérieuse.
Quid du masque ?
"J’invite toutes les entreprises à équiper leurs salariés avec des masques", a lancé Edouard Philippe. "Le port du masque devra être mis en œuvre dès lors que les gestes barrière ne peuvent être garantis", a-t-il insisté.
"Un commerçant pourra subordonner l’accès à son magasin à un masque", a aussi mis au point le Premier ministre, renvoyant les chefs d'entreprise à leur responsabilité et appréciation personnelle. Les commerçants devront a minima "respecter un cahier des charges strict" : nombre limité de personnes dans le magasin, distanciation, etc.
Afin de faciliter l'approvisionnement en masques, La Poste mettra à disposition une plateforme de e-commerce. Le dispositif et ses modalités de fonctionnement "seront précisés très prochainement", annonce sur Twitter le groupe, qui souligne que cette plateforme "s’adressera uniquement aux TPE-PME". À noter qu'une initiative similaire a d'ores et déjà été déployée par les CMA et CCI.
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