Pénurie de main-d’œuvre : les solutions du "Plan compétences" annoncées par Jean Castex
Formation à grande échelle
Le "Plan d'investissement dans les compétences" veut s'atteler en premier lieu à former près de 1,4 million de demandeurs d’emploi à l’horizon 2022. Une barre placée bien haute par Matignon puisque la France en recense pour l'heure 5,9 millions, toutes catégories confondues.
Pour y parvenir, des conventions ont été signées entre le ministère du Travail et Pôle emploi et les aides aux contrats de professionnalisation devraient être maintenues.
Le défi pour le Gouvernement est de composer avec un dilemme de taille et très paradoxal : d’un côté des entreprises qui peinent à trouver des bras, et de l’autre, "des chômeurs ne parviennent pas à retrouver un emploi", a précisé Élisabeth Borne, qui accompagnait le Premier ministre lors de ce déplacement dans la Vienne.
Identifier les secteurs dans le besoin
Avec ce "Plan compétences", l’État entend entreprendre un vaste chantier en finançant de nouvelles actions que Jean Castex veut "ciblées vers les métiers en tension, largement basées sur la formation en entreprise, en situation de travail, car elles présentent les taux de retour à l’emploi les plus importants, jusqu’à 85 %".
Pour cela, le Gouvernement miserait sur "de nouvelles conventions avec les Régions et avec Pôle emploi, à hauteur de 560 millions" mais aussi sur l’ouverture de nouvelles formationspour les demandeurs d’emploi, "quel que soit leur niveau de qualification".
Remettre les chômeurs de longue durée dans l'emploi
Les chômeurs de longue durée, qui constituent la moitié des inscrits à Pôle emploi, sont donc particulièrement visés par ce plan.
Les aides à l'embauche d'alternants, qui devraient se voir prolonger durant toute l'année 2022, doivent ainsi "rendre plus incitatif le bénéfice des contrats de professionnalisation pour les adultes", a confirmé Jean Castex.
L'idée est à terme de réduire l'écart entre les compétences que recherchent les entreprises et les compétences réelles de cette population en recherche d'emploi et de faire bénéficier aux chômeurs de longue durée de formations "directement opérationnelles".
Pôle emploi de son côté a annoncé qu'il mobilisera ses conseillers pour contacter l’ensemble des demandeurs d’emploi de longue durée avant la fin de cette année et leur faire part de ces nouvelles dispositions.
Des aides aux contrats de professionnalisation étendues
Actuellement, les employeurs peuvent bénéficier d’une aide de l’État pouvant aller jusqu’à 8.000€ pour l’embauche d’un majeur en formation en alternance et 5.000€ pour un jeune de moins de 18 ans.
Avec l’officialisation de ce Plan compétences, ce coup de pouce pourrait être désormais étendu aux contrats de professionnalisation signés avec des demandeurs d’emploi longue durée.
"1,4 milliard d’euros supplémentaires sur 2021 et 2022, dont 900 millions dès cette année" seront mobilisés pour y parvenir, d'après les chiffres annoncés par le Premier ministre.
Cette enveloppe serait financée par des crédits d’urgence "budgétés pour la gestion de la crise".
Former plus de salariés de PME
Quant aux PME dont l'effectif de moins de 300 employés, elles "bénéficieront de 600 millions pour former leurs salariés", a annoncé Jean Castex.
Un budget qui devrait permettre de former quelque 350.000 salariés supplémentaires.
Dans le détail : 300.000 dans des formations dites "courtes" (en moyenne 40 heures) et 50.000 dans des formations longues (400 heures en moyenne).
Encourager les reconversions professionnelles
Autre conséquence de la crise sanitaire dans le domaine de l’emploi, l’augmentation des reconversions professionnelles, tous secteurs confondus.
Les différents confinements ont été l’occasion pour de nombreux salariés, demandeurs d’emploi, chefs d’entreprise... de se lancer vers d’autres horizons, souvent bien éloignés de leur secteur d’origine.
Cette question de la reconversion trouve également sa place dans ce "Plan compétences" par le biais du dispositif "Transitions collectives".
Concrètement, les salariés dont l’emploi se trouvera menacé auront la possibilité de se réorienter vers des métiers qui recrutent.
Pour rappel, le dispositif avait déjà été lancé en ce début d’année, mais n’avait pas trouvé son public.
Le Premier ministre entend le simplifier pour que les PME y accèdent plus facilement.
Afin d’augmenter le nombre de bénéficiaires, le Gouvernement a notamment prévu d'utiliser ce levier dans le cadre de procédures de ruptures conventionnelles collectives.
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