Gaspard Koenig : "Je recherche la liberté à titre personnel et individuel"
Votre mouvement "Simple" est aujourd’hui dissous. Est-ce que votre combat pour la simplification continue ?
J’ai rencontré beaucoup de gens en France sur ce thème. Je pense à cet artisan dont le père maçon partait travailler en sifflotant ; et lui qui me disait être stressé, dans une instabilité permanente, la tête farcie de choses qui ne relèvent pas de son métier.
Soit les artisans craquent, arrêtent et deviennent micro-entrepreneurs, soit ils rejoignent de plus grosses entreprises.
"La complexité normative engendre une concurrence déloyale et décourage le petit entrepreneuriat."
Le problème, c’est que la société – une société de contrôle et de protection – génère elle-même de plus en plus de normes. On a atteint un tel point de saturation que l’on ne peut plus revenir en arrière : le politique perd tout pouvoir et l’administratif est en roue libre.
La société vit dans une semi-anarchie où les gens s’organisent comme ils peuvent. A un moment, il y aura un conflit brutal avec l’Etat.
Qu’alliez-vous chercher en partant voyager à cheval ?
Se déplacer à cheval permet d’être hors des clous, on a un rapport plus essentiel aux choses, aux gens. Je recherche à titre personnel et individuel la liberté.
La préparation de ce voyage m’a permis de découvrir le travail manuel, des rudiments de bourrellerie et de maréchalerie.
Cela m’a énormément plu. Je me suis rendu compte que cela mobilisait de façon forte l’intelligence, obligeait parfois à improviser, à détourner un objet de son but. L’exercice de l’intelligence est lié à la main.
L’artisanat réconcilie ainsi travail manuel et travail intellectuel ?
Oui. Cette dichotomie est largement surfaite. Le cerveau n’est pas isolé du reste du corps.
"De plus, l’artisanat remet en cause la division du travail : un objet entièrement créé reflète la personnalité de quelqu’un."
Le consommateur recherche le défaut qui est l’assurance qu’un être humain a investi tout son être dans un objet, et cela créé un lien entre les hommes.
L’artisanat donne du sens à notre environnement immédiat.
Quel est votre avis sur l’enseignement en France ?
Le travail manuel devrait avoir toute sa place dans l’enseignement ; cela permettrait de retrouver un sens pratique qui aurait une incidence sur la formation des esprits. Car c’est très facile aujourd’hui de se faire arnaquer…
Ikea, c’est du lamellé-collé de chutes de bois qui ne tiennent pas et ça se vend trois fois plus cher qu’un vieux bahut normand ! Le consommateur n’est pas éduqué quant à ce qui a de la valeur.
BIOGRAPHIE
- 2002 : Intègre l’Ecole normale supérieure (philosophie).
- 2004 : Publication de son premier roman, Octave avait 20 ans, chez Grasset.
- 2012 : Fondation du think tank Génération libre, indépendant, qui vise à promouvoir les libertés.
- 2020 : Voyage à cheval de cinq mois, suivi de la publication de Notre vagabonde liberté (À cheval sur les traces de Montaigne), aux Editions de l’Observatoire.
- 2021 : Lancement du mouvement Simple, en vue des élections de 2022.
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