Conjoncture

Conférence de presse de l’U2P : les TPE en avant !

Le 06/09/2024
par Sophie de Courtivron
Lors de sa conférence de rentrée parisienne, ce jeudi 5 septembre, l’U2P a rappelé devant de nombreux journalistes son poids et sa volonté de prendre – démocratiquement – les rênes pour agir en faveur de ses ressortissants, et ne pas/plus subir.
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Le président de l'U2P Michel Picon et ses vice-présidents : Joël Mauvigney (CGAD), Jean-Christophe Repon (CAPEB), Laurent Munerot (CNAMS) et Christophe Sans (UNAPL).

Les oreilles ont dû siffler à Matignon tant les références à l’absence de Gouvernement et au manque de visibilité induit ont été évoqués lors de cette conférence de presse. L’annonce de la nomination du Premier ministre en la personne de Michel Barnier a eu lieu quelques heures après.

Un contexte préoccupant

"J’allais prendre un apprenti mais là je ne sais pas où l’on va..." Voilà des mots bien souvent entendus par Michel Picon, président de l’U2P.

La situation politique pèse sur les entrepreneurs, dans un contexte morose. La baisse de chiffres d’affaires (CA) des entreprises de proximité s’est accentuée au cours du second trimestre 2024 (-1,4% en volume à un an d’intervalle*).

Les entreprises de l’alimentation ont subi une baisse marquée (-1,9%), mais "les consommateurs reviennent de plus en plus dans nos commerces de proximité", souligne Joël Mauvigney, président de la CGAD.

Le BTP a été le plus impacté (-3%). "Il y a deux éléments essentiels qu’on aimerait voir venir au gouvernement dans une loi transpartisane : la simplification de MaPrimRénov’ et de l’accès aux marchés (label RGE)", note Jean-Christophe Repon, président de la Capeb.

La Cnams a connu un léger recul de CA, le président Laurent Munerot pointant notamment la concurrence illégale qui augmente chez les coiffeurs.

Les Jeux olympiques – un "grand moment pour notre pays ", rappelle Michel Picon – ont de plus porté préjudice à certaines entreprises ; une commission se réunira début 2025 sur ce sujet.

En attendant, plusieurs chantiers "en cours" nécessitent un suivi actif, comme la simplification administrative ou la poursuite du soutien à l’apprentissage ; un soutien qui, si on regarde les taux d’insertion des entreprises de proximité, est bien "un investissement social", précise Michel Picon.

Vu l’état des finances publiques, le Gouvernement devra faire des économies et "plus que jamais l’U2P aura besoin de défendre les TPE. Il nous faut des interlocuteurs à Bercy, et au sein de toutes les instances avec qui l’on travaille".

Représentativité : le nécessaire rééquilibrage

Les TPE (moins de 10 salariés) représentent 82% du tissu économique et un peu moins de 20% des salariés du pays.

Selon une étude de l’institut Terram (juillet 2024) distribuée lors de la conférence de presse, les TPE sont "ultramajoritaires (plus de 80%) au sein du parc des entreprises employeuses. (…) Leur part dans le flux de la création d’emplois salariés est bien supérieure à leur part dans le stock total des emplois". Elles contribuent à différents niveaux au développement des territoires.

Mais les règles qui définissent la représentativité patronale prenant part aux négociations des conventions et accords, gérant les instances paritaires (Unedic…), siégeant dans les organismes sociaux, ne leur donne que peu de poids (le nombre de salariés prime sur le nombre d’entreprises adhérentes à chacune des organisations patronales).

Impossible donc de "faire valoir une inadaptation pour les TPE", illustre Michel Picon. "Il nous faut plus d’espace. Il faut rééquilibrer le rapport avec les grandes entreprises. (…) C’est un sujet que nous n’abandonnerons pas."

La force des TPE : le dialogue social

"Jamais les partenaires sociaux n’ont eu autant d’importance dans la société française et (…) jamais période n’a eu autant besoin de dialogue social entre partenaires sociaux", martèle Michel Picon.

Les organisations salariales et patronales ont ces derniers temps démontré leur capacité à trouver des accords. Une expérience qui est plus que jamais utile en l’absence de majorité parlementaire à l’Assemblée nationale.

L’U2P compte sur le nouveau Premier ministre pour remettre la concertation et le dialogue social au cœur des décisions publiques. Le pouvoir d’achat, les salaires, la retraite, etc. peuvent être discutés, au-delà des clivages.

À propos des salaires, Michel Picon mentionne un chiffre évocateur : le salarié ne touche que 54% de sa rémunération.

"La protection sociale pèse trop, il faut une réflexion profonde pour alléger le coût du travail. Il y a la piste d’une TVA ciblée, d’un relèvement de CSG…" 

Il s’agit d’arriver à concilier les différents intérêts dans une réflexion dépolitisée. L’U2P a pris l’initiative d’inviter partenaires patronaux et organisation syndicales, faisant le lien entre elles. "Il y a urgence pour les entreprises de s’occuper des maux du pays. Nous sommes prêts à cela."

*Enquête de l’institut Xerfi Specific pour l’U2P ; juillet 2024.

L’U2P demande à être reçue le plus rapidement possible par le nouveau Premier ministre pour évoquer les sujets qui concernent les petites entreprises. (…) Michel Picon (…) souhaite ainsi que [l’U2P] soit associée à l’élaboration des projets de loi de finances et de financement de la sécurité sociale.

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