Emmanuel Macron souhaite accroître le rôle des entreprises dans les filières professionnelles
La formation professionnelle et ses enseignements sont un des grands chantiers du deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron. Fin août dernier, les esquisses de cette future réforme étaient déjà annoncées : valorisation des voies professionnalisantes, développement du temps de stage d’au moins 50%, augmentation de professeurs associés issus du monde professionnel et création d’un fonds d’innovation pédagogique pour un enseignement au plus près du terrain.
Moins d’un mois plus tard, le chef de l’État a choisi les bancs d’un lycée professionnel pour présenter ses ambitions pour la voie professionnelle. L’Élysée, à travers un communiqué, avait d’ores et déjà annoncé les trois objectifs majeurs de cette réforme :
1. Comment rendre plus attractifs les lycées professionnels ;
2. Comment améliorer l'insertion professionnelle ;
3. Comment améliorer la poursuite d'études des jeunes de la voie professionnelle.
Pour justifier cette réforme, l’Élysée s’arme des chiffres de la DEPP (Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance) : on compte environ 630.000 élèves scolarisés en lycée professionnel, soit près d’un tiers des lycéens. Face à cela, le nombre de débouchés ne répond pas à la réalité des attentes pour répondre au manque de main d’oeuvre dans les entreprises.
Parmi les élèves sortis de ces lycées en 2019, seuls 41 % de ceux issus d’un CAP et 53 % de ceux issus d’un bac pro étaient engagés dans un emploi.
Le chef de l'Etat n'a pas choisi le lycée professionnel Eric Tabarly par hasard pour y présenter sa « réforme phare ».
Il s'agit d'un établissement qui propose un panel de formations spécifiques, à savoir le nautisme, la chaudronnerie, ou encore le bois, spécialités qui « correspondent » aux besoins exprimés par les entreprises du territoire.
Renforcer le lien école-entreprise
« L'école, ce n'est pas seulement former quelqu'un à des besoins immédiats. Le jour où il y a une catastrophe industrielle dans une région et qu'on n'a pas les savoirs fondamentaux, on ne peut pas se réorienter », a déclaré le chef de l’État.
Il a également ajouté : « l'école, ce n'est pas simplement former des citoyens qui apprendraient des savoirs et des valeurs qui n'ont rien à voir avec la vie professionnelle ».
Il invite donc à concilier les deux pour « transmettre les savoirs fondamentaux et permettre de préparer à des métiers ».
La balle est principalement dans le camp des entreprises : « on va voir besoin de vous ». Une invitation à leur ouvrir davantage les portes de établissements scolaires, pour « apprendre aux jeunes collégiens, à leurs familles et à leurs enseignants, quelle est la réalité des besoins et des métiers ».
Pour aller plus loin, leur place sera accrue dans les conseils d’administration, et leur rôle sera plus important dans les prises de décision du lycée, en tant que « principaux employeurs ».
Renforcer le corps enseignant théorique et professionnel
« On manque de formations dans les métiers de la rénovation thermique, de la chaudronnerie, de la mobilité ou de l'hydrogène, or on n'a pas assez changé l'offre qui existe dans nos lycées professionnels », a précisé Emmanuel Macron.
Il a par ailleurs appelé à revoir la carte des formations, en corrélation avec les rectorats et les régions, et à proposer des reconversions, notamment pour les professeurs qui enseignent des matières professionnelles.
Alors, comment palier aux nouveaux besoins humains de cette réforme ? Emmanuel Macron a annoncé l’embauche de nombreux professeurs issus du monde professionnel, et à renforcer les effectifs pour les matières générales comme les mathématiques ou le français.
Une durée de stage doublée
Les périodes de formation en entreprise sera augmentée de 50% d’ici la rentrée 2023, et la rémunération sera adaptée à cette augmentation. Cette augmentation du temps d’apprentissage concernera toutes les formations, du CAP au BAC Pro.
Sur cette base, les professeurs pourraient procéder à des dédoublements de classe pour des enseignements avec moins d’élèves. Sur cette question, Emmanuel Macron renvoie chaque chef d’établissement à sa propre autonomie pour s'ateler aux questions d'organisation.
Après cette déclaration, les entreprises sont valorisées, avec un rôle plus important et une meilleure imprégnation dans la sphère théorique. Reste à connaître le point de vue des enseignants et des élèves, notamment pour ce qui concerne les filières qui comptent peu de débouchés...
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