L’artisanat, champion de l’adaptation
« L’artisanat en mutation : nouveaux entrepreneurs, nouveaux métiers » : tel était le thème des Entretiens de Chartes 2013. Le 11 octobre, experts, politiques et artisans étaient donc réunis pour réfléchir et échanger sur la dynamique d’évolution du secteur. Premier constat : l’artisanat est le champion toutes catégories de l’adaptation. Second constat : la crise contraint à bouger encore plus vite. « La seule chose stable dans l’artisanat, c’est le mouvement », a ainsi lancé Gérard Rapp, président de la Société des Meilleurs Ouvriers de France.
« La seule chose stable dans l’artisanat, c’est le mouvement. »
Gérard Rapp, président de la Société des Meilleurs Ouvriers de France.
« Par son modèle économique, sa flexibilité, l’artisanat a réussi à traverser les crises », a aussi rappelé Catherine Élie, directrice des études et du développement économique à l’Institut Supérieur des Métiers (ISM). Ce que confirme Alain Griset, président de l’Assemblée permanente des chambres de métiers de l’artisanat (APCMA) : « Depuis 20 ans, la vitesse de changement est de plus en plus grande ; ce qui est exceptionnel, c’est la réactivité de l’artisanat ». Par le passé, l’artisanat a donc fait la preuve de ses extraordinaires facultés d’adaptation, consolidant son tissu et ses emplois, diversifiant son positionnement dans les filières productives et de services. Qu’en sera-t-il à l’avenir ? Deux grands ressorts peuvent lui permettre de poursuivre sur sa lancée : l’évolution des entrepreneurs artisans et celle des métiers.
Plus d’artisans entrepreneurs
Le profil des artisans bouge ; on note une nette élévation du niveau de formation, une montée en puissance des seniors entrepreneurs ainsi qu’une grosse diversification des modes d’entrée dans l’artisanat. « 30 % des artisans viennent d’ailleurs. C’est une vraie révolution ces 10 dernières années. Un phénomène qui est en partie une contre-réponse à la mondialisation », souligne Alain Griset. Une analyse partagée par Pascal Girard, titulaire d’un DESS Finances, associé chez Marie Carrele Décor après une carrière dans la banque : « À un moment, j’ai eu besoin de devenir acteur de l’entreprise, non plus spectateur. Je n’ai jamais été aussi heureux professionnellement ». Jean-Luc Diot, l’ami de toujours dont il a rejoint l’entreprise, poursuit : « L’arrivée de Pascal a apporté de nouvelles compétences, nous a permis de développer de nouveaux marchés. Sans cela, nous n’aurions jamais pu créer une filiale au Brésil ». Autre tendance remarquée : l’afflux de jeunes apprentis passés par la formation académique. Une nouvelle donne jugée essentielle, comme la nécessité de toujours mieux communiquer sur les opportunités et les voies d’excellence de l’artisanat, la capacité de formation et de reproduction étant l’un des ressorts historiques de son dynamisme.
Accélération des mutations
Si les artisans évoluent, leurs métiers aussi. Certaines professions se raréfient et n’ont pour seul moyen de perdurer qu’un positionnement à forte valeur ajoutée (haut de gamme, sur mesure) ; dans le même temps, de nouveaux métiers émergent, notamment dans le bâtiment, sous l’effet conjugué de l’évolution des marchés et des technologies. Si les tendances de consommation semblent favorables à l’artisanat (lire notre encadré), de nombreux défis et opportunités attendent les chefs d’entreprise. Catherine Élie liste ainsi le marché du vieillissement, l’économie verte et le marché de l’efficacité énergétique (« qui va nécessiter un énorme effort de formation »), le marché du recyclage et de la réparation, la résurgence des filières courtes ainsi que la nécessaire appropriation des et des usages numériques.
Bonne nouvelle !
L’artisanat, une valeur en hausse
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