Conjoncture

Le secteur du bâtiment "entre clairement dans la crise"

Le 10/07/2024
par Samira Hamiche
La Fédération Française du Bâtiment (FFB) alerte de nouveau sur les mauvais chiffres du secteur, attribuables à la situation économique de la France, et à divers dispositifs trop nébuleux pour que les ménages s'en saisissent... Face à cette situation de crise profonde, l'organisation professionnelle formule des propositions pour relancer le secteur. Et exhorte d'ores et déjà le futur ministre de tutelle à passer à l'action.
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La Fédération Française du Bâtiment (FFB) a présenté mercredi 10 juillet 2024 un bilan de la conjoncture actuelle, ainsi que les perspectives pour les entreprises du bâtiment. Les données et analyses fournies illustrent sans appel la souffrance du secteur, fragilisé depuis presque deux ans...

Le neuf poursuit sa plongée dans le rouge

Le secteur du logement neuf est notablement affecté. La chute des mises en chantier est significative : -13,9% entre les cinq premiers mois de 2023 et 2024. Sur l'année 2024, le rythme annuel est estimé à 264.000 logements : un niveau historiquement bas comparé aux crises passées.

Les permis de construire suivent la même tendance, avec une baisse d'environ 10%, tirée vers le bas par les constructions individuelles (-16,1%), la baisse étant plus modérée pour le collectif (-7%).

Bien qu'il présente des signes moins alarmants, le secteur non résidentiel reste en difficulté. Les surfaces commencées ont diminué de 7,7% en glissement annuel sur les cinq premiers mois de 2024, bien que les surfaces autorisées aient enregistré une baisse plus modérée de 3,7%. Les locaux agricoles et les bâtiments administratifs montrent une légère reprise.

25.000 postes de moins en un an

L'activité en amélioration-entretien connaît un léger soubresaut (+1,7% en volume entre les premiers trimestres 2023 et 2024), avec une hausse modeste de 1,7% en volume entre les premiers trimestres 2023 et 2024. La réforme de MaPrimeRénov’, jugée trop brutale, a entravé la progression de la rénovation énergétique du logement, qui n'a progressé que de 0,6%.

Le secteur a perdu environ 25.000 postes entre les premiers trimestres 2023 et 2024, dont 16.200 salariés. Cette tendance pourrait se poursuivre en l'absence de mesures de soutien.

Une urgence : "éviter l'effondrement"

Les défaillances d'entreprises, quant à elles, ont augmenté de plus de 20% au premier semestre 2024 par rapport à l'avant-crise sanitaire, signalant une entrée en récession...

"La phase des législatives n’a en rien modifié la situation du secteur : il entre clairement dans la crise et risque de souffrir plus durement encore de toute forme d’attentisme", s'est ainsi alarmé le président de la FFB, Olivier Salleron. "Il importe que des décisions soient prises urgemment pour éviter l’effondrement", a-t-il poursuivi.

Dans cette optique, la FFB travaillera notamment avec l'Alliance pour le logement pour que soient priorisées les revendications des acteurs du bâtiment. "Avec l'Alliance, nous sommes 100% d’accord sur 80% de nos thèmes, et réfléchissons à faire une déclaration commune sitôt le futur Gouvernement nommé", a ainsi annoncé Olivier Salleron.

Les 10 propositions de la FFB 

Pour contrer cette crise et relancer le secteur, l'organisation professionnelle propose dix mesures clés.

  • Rétablissement d’un Prêt à Taux Zéro (PTZ) universel.
  • Stabilisation de MaPrimeRénov’ au-delà du 1er janvier 2025.
  • Adaptation de l’objectif « Zéro Artificialisation Nette » (ZAN) aux réalités des territoires.
  • Arrêt de la surenchère réglementaire, avec un décalage des étapes de la RE2020.
  • Limitation de la sous-traitance en cascade.
  • Révision du montant de la franchise de TVA.
  • Réforme du dispositif « Responsabilité Élargie des Producteurs » (REP).
  • Maintien du soutien à l’apprentissage.
  • Conservation des règles de représentativité patronale pour un dialogue social équilibré.
  • Maintien de l'équilibre du dialogue social.
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