L'enquête
"Selon une étude interne*, dans 96 % des cas, au bout d’un an, la mise en place de cette démarche augmente la performance de l’entreprise ou au moins sa rentabilité !", affirme Samuel Mayer, directeur du Pôle écoconception et management du cycle de vie, association basée à Saint-Étienne. Et pourtant, "cela ne suppose parfois pas de gros ajustements, c’est juste du bon sens ! D’ailleurs, les nouvelles entreprises tiennent souvent déjà compte des problématiques environnementales. C’est un peu plus compliqué de "verdir" les entreprises qui ont vingt ou trente ans et qui travaillent sur d’anciens modèles." S’orienter vers l’écoconception ne serait ainsi pas forcément si contraignant et ne supposerait pas de "tout" revoir dans son mode de fonctionnement. Il faut surtout l’envisager comme un levier d’innovation dont l’un des principaux axes de réflexion est l’environnement, à toutes les étapes de la vie du produit : choix des matières premières, transport, fabrication, consommation d’énergie, emballage, distribution…
Redéfinir une stratégie
Cette approche dès l’amont d’un processus de conception vise à trouver le meilleur équilibre entre exigences environnementales, sociales, techniques et économiques. Ainsi, lancer un produit optimal d’un point de vue environnemental mais qui ne serait pas attractif pour la clientèle serait vain car, pour pérenniser son activité, une entreprise a besoin de vendre ! Samuel Mayer précise : "Cette démarche oblige surtout les entreprises à redéfinir une stratégie, s’ouvrir vers l’extérieur, à faire appel à un expert pour faire un diagnostic, puis à suivre une ligne directrice." Et, bonne nouvelle : les PME auraient plus de chances de rentabiliser leur démarche d’écoconception. Une chaîne décisionnelle plus réactive et des clients plus sensibles et à l’écoute de leur argumentation seraient leurs principaux atouts.
« Désormais, on ne veut plus que les produits soient les fardeaux de la vie quotidienne. On s'oriente naturellement vers plus de bien-être. »
Veiller aux transferts d’impact
Deux options s’offrent alors : faire de l’éco-reconception (on fait la même chose mais avec moins… de matière, de transport, de consommation d’énergie) ou de l’éco-innovation (on amène une valeur d’usage et d’attrait pour le client avec moins d’impact sur l’environnement). Dans la phase de réflexion, il faudra aussi veiller aux transferts d’impact : réduction d’un impact qui génère l’augmentation d’un autre (exemple : on utilise du bois pour employer un matériau renouvelable mais le produit pèse au final dix fois plus lourd donc on reporte l’impact sur le transport). En fait, il faut mesurer et comparer l’ancien produit et celui qui a été retravaillé et faire des choix, en toute connaissance de cause.
"Aujourd’hui, le modèle de la société d’hyperconsommation s’essouffle. On ne veut plus que les produits soient les fardeaux de la vie quotidienne, affirme Samuel Mayer. Il y a également une vraie volonté des pouvoirs publics, notamment de l’ Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), qui désirent sensibiliser les entreprises à cette démarche et proposent pas mal de subventions pour sa mise en œuvre."
* La Profitabilité de l’écoconception, une analyse économique, Pôle écoconception et management du cycle de vie en collaboration avec France-Québec, janvier 2014.
www.eco-conception.fr | www.ademe.fr
La méthode Epie
La méthode d’Évaluation produit individuelle en écoconception (Epie)
a été développée par le Pôle écoconception et management du cycle de vie avec le soutien des chambres de métiers de la Vienne et de l’Ain. Elle permet d’orienter une entreprise de petite taille sur l’écoconception en identifiant l’intérêt environnemental et économique de la démarche pour l’entreprise. Concise et rapide, la méthode se déroule en deux entretiens de deux heures avec le chef d’entreprise.
Diarra Kane | Tél. : 04 77 43 04 85 | contact@eco-conception.fr
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