Les défaillances d'entreprises au plus haut depuis 15 ans
Publiée le 11 octobre dernier, la dernière étude BPCE L'Observatoire sur les défaillances d’entreprises dresse révèle que, sur le seul 3e trimestre 2024, 13.035 entreprises françaises ont fait faillite. Un chiffre en hausse de 20% par rapport à 2019...
Cette situation n’est pas sans rappeler les vagues de défaillances observées entre 2010 et 2015, mais elle est cette fois exacerbée par un phénomène de "rattrapage". En effet, les dispositifs d’aides déployés durant la pandémie de Covid ont retardé la faillite de nombreuses entreprises, mais aujourd’hui, les protections ont disparu et les défaillances reviennent en force.
Pour les PME et ETI, ce rattrapage dépasse même les 100% : concrètement, cela signifie que toutes les défaillances évitées pendant la crise sanitaire se sont désormais matérialisées. Ce retour brutal à la réalité économique met en péril les entreprises qui, malgré la stabilisation apparente de la situation macroéconomique, peinent à retrouver des marges suffisantes pour investir ou simplement survivre.
Un impact dévastateur pour les artisans et TPE
Les plus petites entreprises, notamment celles employant entre 3 et 9 salariés, voient leur taux de défaillance exploser de 32% par rapport à 2019. Quant aux micro-entreprises et TPE sans salarié ou avec seulement 1 ou 2 employés, elles subissent une hausse de 19%.
Si ces chiffres sont encore inférieurs à ceux des PME, la tendance inquiétante montre une accélération rapide de leurs difficultés, notamment dans les secteurs de la construction, du commerce et des services aux ménages, où les marges sont traditionnellement plus faibles.
Les artisans et micro-entrepreneurs, qui constituent le socle du tissu économique français, se trouvent particulièrement exposés face à l’augmentation des coûts des matières premières, de l’énergie, et des taux d'intérêt, ainsi qu’à la baisse de la demande dans certains secteurs.
250.000 emplois menacés : un risque systémique
Le chiffre qui interpelle le plus dans ce rapport est sans doute celui des emplois menacés. Au total, en 2024, plus de 250.000 postes pourraient disparaître du fait des défaillances d'entreprises (+43 % par rapport à 2019 !).
Si ce sont souvent les grandes entreprises qui attirent l’attention médiatique lors des faillites, les petites structures ne sont pas en reste : ce sont 44.000 emplois qui ont été menacés au seul 3e trimestre 2024. De quoi, au passage, illustrer le poids considérable que ces entreprises, souvent modestes, représentent pour l’économie nationale et locale.
Quels sont les secteurs et régions les plus touchés ?
Certaines branches d’activité sont particulièrement frappées par cette vague de défaillances. Parmi les plus touchées figurent l'immobilier, les transports routiers, les activités financières et d’assurance, ainsi que les services techniques et scientifiques. Les artisans du bâtiment, promoteurs immobiliers et entreprises de transport sont donc particulièrement vulnérables face à cette situation.
Géographiquement, certaines régions comme l’Île-de-France, Rhône-Alpes et le quart Sud-Ouest se révèlent être les plus exposées à ces défaillances, tandis que d’autres territoires, moins dynamiques économiquement comme la Lorraine ou le Limousin, semblent mieux résister.
Des perspectives incertaines
La projection pour la fin de l’année 2024 n’annonce pas d’amélioration significative. Les économistes de BPCE estiment que le nombre de défaillances pourrait atteindre les 65.000 d’ici la fin de l’année. Si les PME semblent avoir déjà absorbé une grande partie des défaillances évitées entre 2020 et 2022, le danger persiste, surtout pour les TPE et microentrepreneurs qui voient leurs marges s'effondrer. Dans un tel contexte, il est primordial pour les artisans, les petites entreprises et les micro-entrepreneurs de redoubler de vigilance et de renforcer leur gestion financière afin de faire face aux turbulences à venir.
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