Les œuvres d’Hayao Miyazaki en tapisserie d’Aubusson
La peur de Hauru (Old Sophie at Howl’s bedside), Projet de tapisserie de 3 x 5,60 m.La Cité Internationale de la tapisserie d’Aubusson, associée au studio d'animation japonais Ghibli, a débuté en mars 2021, la réalisation d’une série de 5 tapisseries (dont une optionnelle). Toutes sont inspirées de 4 films d’animation du réalisateur (et co-fondateur du studio) Hayao Miyazaki.
Delphine Mangeret, cartonnière, réalise actuellement le carton de la quatrième tapisserie de cette tenture…
Une initiative créative qui donne lieu à une exposition majestueuse, mêlant savoir-faire ancestral, culture et cinéma.
L’établissement n’en est pas à sa première synergie artistique avec le monde du cinéma, puisqu’en 2019, 4 tapisseries du projet "Aubusson tisse Tolkien" ont été présentées pour la première fois au public parisien à la Bibliothèque nationale de France lors de l'exposition "Tolkien : Voyage en Terre du Milieu".
Pour la Cité internationale de la tapisserie, comme pour l’ensemble de la filière tapis/ tapisserie et son écosystème, tisser des scènes de la culture populaire est une occasion de mener une communication de grande ampleur, et ainsi, mieux véhiculer son savoir-faire.
Le projet a été dévoilé le 16 octobre 2020 à la Maison de l'Économie créative et de la culture (MÉCA) à Bordeaux par Valérie Simonet, Présidente du Conseil départemental de la Creuse et Présidente de la Cité internationale de la tapisserie, en présence d'Alain Rousset, Président du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine.
Tenture vs tapisserie : quelle différence ?
Depuis le XVe siècle, estampes et peintures servent de modèles aux tapisseries produites dans la région d’Aubusson.
Objet luxueux, la tenture est un produit de prestige et un moyen d’affirmer son statut social. L’ensemble se démonte aisément pour être transporté vers un autre lieu. Les styles sont alors décoratifs, l’importance des surfaces tissées permet de dérouler une narration (récit biblique, mythologique ou littéraire).
Ces ensembles rejoignent la tradition des grandes tentures narratives des XVIIe et XVIIIe siècles qui ont été créés en référence à d’importants textes littéraires (L’Odyssée du poète Homère, ou l’histoire de Renaud et Armide tirée de La Jérusalem délivrée par Torquato Tasso, etc.).
Pour redynamiser cet art, le projet « L’imaginaire de Hayao Miyazaki en tapisserie d’Aubusson » s’attache à transcrire l’univers d’un réalisateur à la renommée mondiale en une grande tenture de cinq pièces.
Quels sont les films dont sont tirées les scènes ?
Princesse Mononoké (5 m x 4,60 m) : Ce film pose la question de l’Homme face à la Nature.
Le voyage de Chihiro (3 m x 7,50 m) : L’histoire savamment écrite d’une enfant en quête d’identité.
Le Château ambulant (5 m x 5 m) et La peur de Hauru (3 m x 5,60 m) : un film qui aborde les questions de la sédentarité, de la métamorphose des êtres et celle de la force et du courage de la femme.
Nausicaä de la vallée du vent (tapisserie au format panoramique : 2 m x 10 m), dont la tombée est prévue pour cette fin d’année. Dans cette œuvre, Hayao Miyazaki présente un monde apocalyptique où se dessinent de nouveaux codes entre les survivants.
Une salle dédiée et la visite de l’atelier de tissage
Autour du projet Miyazaki, une salle est dédiée aux étapes du processus de création : on part du dessin d’origine, en passant par des extraits des films, jusqu’aux maquettes, cartons et échantillons de tapisserie.
À noter que certaines visites guidées incluent un passage dans l’atelier de tissage, une rare occasion de voir à quoi ressemble un métier à tisser de 8 mètres de long !
Comment sont réalisées ces œuvres ?
Pour l’ensemble de la tenture :
• Sélection des images dans les films
• Détermination des formats des futures tapisseries
• Réalisation à la gouache des gammes de couleurs qui seront utilisées dans les tissages (dans le respect des œuvres originales) Pour chaque tapisserie
• Codification du « carton de tapisserie » (le carton sert de guide aux artisans lissiers pendant le tissage sur leur métier)
• Choix des fils (laine, soie, lin) et de leurs calibres, ce qui permet de préciser l’écriture technique du carton ; associé aux dimensions de la pièce, le calibre des fils entre en compte dans l’estimation du temps et du coût de réalisation.
• Tissage d’au moins deux échantillons de tapisseries en vue de retenir des orientations et faire des choix.
• Lancement des appels à candidatures auprès des ateliers et manufactures pour la réalisation d’un échantillon et d’une proposition de tissage de la tapisserie.
• Choix de l’atelier de tissage à partir des échantillons produits par les différents ateliers et manufactures creusois, suivi de la mise en fabrication de la pièce.
• Tissage de la pièce en atelier ou dans l’atelier de tissage hébergé au sein de la Cité de la tapisserie.
• Dévoilement au public, ce que l’on appelle « la tombée de métier », souvent présidées par une personnalité.
• Réalisation des finitions (ourlets, système d’accrochage).
• Mise en exposition
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