Produit en Anjou : la force du réseau
L’ébéniste Gilles Chaillou (Maine-et-Loire) travaille comme au XVIIIe siècle. De l’abattage de l’arbre (valorisé entièrement) au produit fini. Gilles choisit ses arbres sur pied dans la région, les abat, les fait tranquillement sécher à l’air et les transforme à l’atelier. Le discours de la marque territoriale Produit en Anjou lui a tout de suite plu. "Ma démarche véhicule depuis le début ce que la marque met en avant. Je le vois lors des Salons où je me rends : les personnes veulent savoir d’où vient le produit, comment il est fabriqué… On fusionne les petites communes, les gens y perdent leur identité !"
Gilles Chaillou dans son atelier
En revenant aux fondamentaux d’autrefois, Gilles séduit une clientèle qui a soif de sens. "J’ai vendu en 10 minutes un chantier en parlant des essences locales utilisées : la cliente était originaire de 40 km de là. " Il a ainsi onze mois de commandes devant lui !
Bienveillance et solidarité
"L’artisan a oublié jadis de communiquer sur sa valeur ajoutée, et l’on s’est détourné de nos métiers : manque d’apprentis, etc. Il nous faut cultiver notre différence", martèle Gilles Chaillou. Et cela passe par une marque de territoire attractive et dynamique comme "Produit en Anjou".
Fruit des nombreuses rencontres organisées autour de cette marque, une belle "ambiance de bienveil-lance et de solidarité", se satisfait Arnaud Tézé, directeur du Groupe d’intérêt public (GIP) "Produit en Anjou".
Arnaud Tézé, directeur du Groupe d’intérêt public (GIP) "Produit en Anjou"
Et puis… des compétences mises au service du réseau ! "Notre association n’a pas de salariés. Il y a un apport en nature des parties prenantes, qui fournissent de gros efforts ; quand une agence de communication travaille pour nous, elle travaille aussi pour elle… Nous faisons très atten-tion à ce que les relations au sein du réseau ne soient pas celles d’un client à un fournisseur."
Et aussi des compétences mises au service… des autres. "De grandes entreprises ont adhéré, et c’est un gros soutien ; des personnes qui travaillent à l’international nous font part de leur expérience", pointe Gilles Chaillou. Le B to B n’est pas en reste. "Nous avons découvert des gens à la porte de chez nous… Des communicants qui nous ont plu et ce sont eux qui font notre site web."
"Si tu ne sais pas où tu vas, regarde d’où tu viens", dit un proverbe africain. C’est un lien profond que le consommateur en mal de repères du XXIe siècle est en train de renouer.
Certes, il y a des entreprises concurrentes dans "Produit en Anjou", mais l’optique de "faire les choses ensemble" prend le pas au sein du groupe. "Il y en a qui développent des produits nouveaux", s’enthousiasme Arnaud Tézé. "Trois producteurs de pommes ont créé un conditionnement spécifique Produit en Anjou qui marche très bien. Ils réfléchissent maintenant à une démarche plus offensive sur le plan commercial et à se structurer pour être distributeurs. En réunissant les gens, nous créons ainsi de la valeur ajoutée et de l’emploi."
Sans compter le maintien du tissu rural des entreprises, autre cheval de bataille du GIP. "Vous êtes sur un territoire qui bouge, avec des personnes qui s’impliquent dans leur avenir", tel est le message que "Produit en Anjou" fait passer aux habitants selon Arnaud Tézé. La marque vient d’ailleurs de passer une convention avec l’université d’Angers pour que des étudiants puissent parler des entre-prises lors de ses actions de promotion ; "nous avons recours à des jeunes en formation au lieu de faire appel à des prestataires".
www.produitenanjou.fr
www.ebenisterie-du-grand-moulin.fr
3 questions à Arnaud Tézé, directeur du GIP Produit en Anjou
Pourquoi avoir créé Produit en Anjou ?
Le territoire et quelques chefs d’entreprise ont voulu promouvoir les savoir-faire et les produits éla-borés ici afin de soutenir l’activité économique et sociale et de renforcer le sentiment d’appartenance. Il s’agissait de créer un réseau pour développer la solidarité et le B to B entre les acteurs économiques privés et publics. Ceci ne peut marcher qu’à une condition : le discours pu-blic-privé doit être incarné. Henri Mercier, qui est chef d’entreprise, et moi – un institutionnel – pilo-tons la marque et formons un binôme crédible quand nous allons voir les entrepreneurs.
Comment la marque est-elle gérée ?
Nous avons trouvé une solution pour faire vivre la marque et mobiliser à la fois les acteurs institu-tionnels et privés : la double structure GIP et association. Chacun fait son job : l’association, qui regroupe les chefs d’entreprise bénéficiant du label et ayant été homologués par le GIP, pilote la promotion et la communication de la marque ; le GIP gère sa logistique (juridique, administratif, con-trats de licence, etc.) ; il regroupe les trois chambres consulaires, le conseil départemental (qui est propriétaire de la marque), les pôles de développement, la Région via l’Agence régionale de déve-loppement économique, des représentants de l’association.
Sur quels critères les entreprises sont-elles choisies ?
Il y a un dossier de candidature et nous allons visiter les entreprises et leurs outils de production ! Il faut que la grande majorité de la valeur ajoutée soit acquise dans le Maine-et-Loire (outil de travail et masse salariale) et que tous les composants de base du produit ou du service soient originaires du Maine-et-Loire (lorsque c’est possible). Et puis nous contrôlons la motivation du chef d’entreprise, car nous avons besoin qu’il s’investisse dans notre réseau, dans l’intérêt général de tous.
- Connectez-vous ou inscrivez-vous pour publier un commentaire