Tendance

Produits bio : l'authenticité teintée de rigueur

Le 02/10/2019
par Isabelle Flayeux
Le nombre de Français attachés aux produits bio augmente chaque année. Que ce soit par conviction personnelle ou pour des questions de santé, de qualité, de goût, l’intérêt pour un mode de consommation responsable et durable est en croissance constante. Les artisans n’hésitent d'ailleurs plus à se positionner et à s’engager dans cette filière aux cahiers des charges restrictifs. Se revendiquer bio est une démarche exigeante, gage de produits de qualité pour le consommateur.
Partager :
Commerçant conseillant une cliente sur des produits bio, dans une boutique alimentaire26 % des Français qui consomment du bio achètent leurs produits chez les artisans.

Composés de matières premières issues de l’agriculture biologique, les produits bio ne contiennent ni colorant chimique de synthèse, ni arôme artificiel. Seuls les produits issus d’un mode de production et de transformation biologique peuvent porter le logo bio européen et la marque AB.

« Tout au long de la chaîne de fabrication, du producteur au transformateur, tout acteur doit respecter les règles de l’agriculture biologique et recourir à des méthodes respectueuses de l’environnement, de la biodiversité et du bien-être animal », explique Florent Guhl, directeur de l’Agence Bio, l’organisme de notification pour la France.

Sur les 65 000 entreprises notifiées en bio, plus de 40 000 sont des agriculteurs. « Pour commercialiser des produits bio, tout producteur, préparateur, importateur ou distributeur, a l’obligation de notifier son activité auprès de notre organisme et d’être contrôlé par un organisme certificateur (sauf dérogation pour certains distributeurs). Depuis 2003, un artisan qui propose des produits bio à la vente et veut l’afficher sur sa devanture doit effectuer ces démarches. »

À l’issue de ces formalités, essentielles pour bénéficier d’aides à la certification ou à l’investissement disponibles selon les régions, l’entreprise figure sur l’annuaire officiel des opérateurs en agriculture biologique.

« La règle de base est la suivante : quand un consommateur achète un produit en bout de chaîne estampillé du logo européen bio, cela signifie que tout le process, depuis la fabrication agricole jusqu’à la distribution, est en bio. Le contrôle garantit cela. »

Florent Guhl

Dans l’alimentaire et ailleurs

Chargée de développement durable à la CMA de la Moselle, Camille Trigo constate que les artisans sont de plus en plus nombreux à se tourner vers le bio pour diverses raisons : « Beaucoup s’inscrivent dans une démarche d’engagement par conviction personnelle au départ. La médiatisation de cette tendance et la sensibilisation croissante des citoyens incitent des professionnels à franchir le pas. Vendre ce type de produits permet de gagner des parts de marché et d’afficher leur engagement en faveur de l’environnement. »

26 % des Français qui consomment du bio achètent leurs produits chez les artisans. Si les métiers de bouche sont les plus représentés, le bio s’élargit à d’autres secteurs. « Le nombre de boulangeries disposant d’une gamme de produits bio augmente. Il en est de même pour les instituts de beauté et les coiffeurs. Les métiers du BTP, de la décoration et de la création ont aussi recours à des matériaux certifiés : la peinture, le chanvre, le bois… »

Un gage de confiance envers les artisans

Tout artisan déclaré en bio a l’obligation de choisir un organisme de contrôle qui vérifie le respect de l’ensemble des règles de bio. Parmi les onze habilités sur l’Hexagone, Ecocert délivre des certifications pour le bio alimentaire ainsi que pour les cosmétiques bio et naturels depuis 2002, selon un cahier des charges dédié aux produits cosmétiques.

« Ecocert réalise des vérifications documentaires sur les ingrédients interdits ou non, les formules, la proportion de bio, les procédés d’obtention des matières premières et de fabrication des cosmétiques, le matériau d’emballage, l’étiquetage, la communication auprès des consommateurs, souligne Pauline Raffaitin, responsable de la certification chez Ecocert Greenlife. Ensuite, nous effectuons annuellement des audits sur site pour vérifier ce qui a été déclaré. »

Le logo de certification délivré par les organismes agréés donne des garanties aux consommateurs. Entrer dans le bio est un processus exigeant qui nécessite parfois de modifier ou de créer de nouvelles filières d’approvisionnement en bio ou en naturel. « Souvent, les professionnels sont obligés de modifier les formules. On peut parler d’une réelle démarche d’entreprise. »

Contactez votre CMA : 0825 36 36 36 (numéro d’appel commun) - annuairecma.artisanat.fr

Zoom sur les tendances alimentaires

Les changements sociétaux influent sur nos comportements alimentaires, tout comme les défis climatiques, les problématiques sociales… Certains consommateurs vont jusqu’à transformer leur mode de vie en se tournant vers le flexitarisme ou le véganisme. Le document de travail Transformations sociétales et grandes tendances alimentaires, rédigé par le Centre d’études et de prospective du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, analyse six tendances qui expliqueraient certaines des transformations du système alimentaire : individualisation croissante des rapports humains, segmentation communautaire et réticulaire du système social, nouveaux rapports au temps et accélération des rythmes de vie, féminisation de la société, sensibilité grandissante aux questions de santé et de bien-être, affirmation de nouvelles représentations de la nature.

Bruno Hérault, Julia Gassie, Arnaud Lamy, Transformations sociétales et grandes tendances alimentaires, février  2019

>> Lire aussi : le bio, un atout pour les artisans fabricants de cosmétiques

Partager :