Remaniement

Quelles seront les priorités de la nouvelle ministre du Travail Catherine Vautrin ?

Le 16/01/2024
par Benjamin d'Alguerre
Le 11 janvier, Catherine Vautrin a hérité d’un super-ministère comprenant à la fois les portefeuilles du Travail, de la Santé et des Solidarités. Rien que sur le front du travail, elle devra poursuivre les réformes engagées par ses prédécesseurs, initier "l’acte II" de la simplification du travail et tendre vers le plein-emploi, l'objectif majeur du second quinquennat d’Emmanuel Macron.
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Le 11 janvier, le nom d’Astrid Panosyan-Bouvet ont circulé pour remplacer Olivier Dussopt rue de Grenelle. Les pronostiqueurs jugeaient le CV de la députée de la 4e circonscription de Paris plus que légitime : issue du PS, Macroniste de la première heure, cofondatrice d’En Marche, membre de la direction collégiale de LREM, conseillère d’Emmanuel Macron à Bercy entre 2014 et 2017… Son nom avait déjà été évoqué pour le poste en 2017, avant qu’on ne lui préfère Muriel Pénicaud.

Finalement, c’est Catherine Vautrin qui a posé ses cartons rue de Grenelle. Elle hérite, en outre, d’un super-ministère axé sur le social composé des portefeuilles du Travail, de la Santé mais aussi des Solidarités. Ainsi, elle succède à la fois à Olivier Dussopt, Agnès Firmin-Le Bodo et Aurore Bergé.

"Gaulliste sociale", selon ses propres termes, passée par l’UMP puis par LR avant de rejoindre Horizons, Catherine Vautrin n’est pas une inconnue pour la Macronie. En 2022, elle fut même envisagée pour Matignon. Mais ses prises de position hostiles au mariage pour tous en 2013, ainsi que son opposition personnelle à la nomination d’Alexis Kohler au poste de secrétaire général de l’Élysée, lui ont été fatales.

Depuis, Catherine Vautrin n’a cessé les appels du pied au parti présidentiel. À l’issue de la réforme des retraites de 2023, elle avait par exemple proposé à LR de signer une sorte de "pacte de coalition" à l’Assemblée nationale avec le groupe Ensemble et ses alliés.

"Un profil moins parisien et techno"

Ancienne ministre sous Chirac, Catherine Vautrin a été en charge de l’Intégration et de l’Égalité des chances, des Personnes âgées, puis de la Cohésion sociale et de la Parité. Elle possède également une solide expérience parlementaire puisqu’elle a été députée de la Marne de 2001 à 2017, puis 1re vice-présidente de l’Assemblée nationale entre 2011 et 2012. Elle est aussi et surtout une élue de terrain puisqu’elle préside depuis 2024 la métropole du Grand Reims.

"Elle peut s’appuyer sur un vrai ancrage local, ce qui lui donne un profil moins parisien et techno que beaucoup de cadres de la Macronie", confie un élu marnais.

Laurent Grandguillaume, ancien député socialiste et actuellement président de l’initiative Territoire zéro chômeur de longue durée (TZCLD), salue aussi sa capacité à soutenir des initiatives territoriales, même lorsqu’elles émanent d’un banc opposé au sien. Son attitude "facilitatrice" et "pas sectaire" a mené à la réussite de ce projet d'insertion par l'emploi. Ce dernier a depuis donné naissance à une association chapeautant une soixantaine de territoires labellisés.

Beaucoup à faire sur le front du travail

Rue de Grenelle, les dossiers en attente s’accumulent déjà sur le bureau de Catherine Vautrin. Rien que pour remplacer Olivier Dussopt, elle devra mettre en musique "l’acte II" de la simplification du droit du travail voulue par Emmanuel Macron et essuyer les plâtres du lancement de France Travail. Cette nouvelle administration concentre à elle seule plusieurs défis de taille : réforme du RSA, inscription automatique de ses titulaires auprès des agents du service public de l’emploi et éventuelle suspension d’allocation de ceux qui refuseraient de s’engager dans un parcours de retour à l’emploi.

Autres items à son agenda de super-ministre :

  • la réforme de l’emploi des seniors, sur laquelle les partenaires sociaux planchent depuis décembre dernier (et doit notamment transcrire dans le droit du travail le recul de l’âge de la retraite à 64 ans) ;
  • l’application, à partir de juillet 2024, de la nouvelle convention d’assurance-chômage signée par les organisations syndicales et patronales en novembre 2023 ;
  • la mise en place d’un "reste à charge" sur le CPF, qui pourrait être de nature à rebuter les acheteurs de formation ;
  • trancher sur le maintien ou non de l’aide à l’embauche d’apprentis après 2024…

Tout cela sans perdre de vue l’objectif de plein-emploi imposé par le président de la République à l’horizon 2027, alors même que Bercy doute qu’il puisse être atteint sans une remise à plat du modèle social français…

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