Opinion

Stéphane Rotenberg : "Les apprentis ont trouvé leur passion, et ils foncent"

Le 13/10/2024
par Propos recueillis par Sophie de Courtivron
Le journaliste, animateur et producteur nous expose ici ce qui le touche dans l’artisanat, et les valeurs – pour lui familières – qui sous-tendent ses divers métiers.
Partager :

Quel est votre lien avec l’artisanat ? Comment le voyez-vous ?

J’avais beaucoup de commerçants dans ma famille (coiffeurs, fleuriste, magasin de vêtement…), donc des personnes à la tête de petites entreprises comme il y en avait tant dans les années 1950 à 1970. C’est ma culture. Or ces affaires n’ont pas été reprises par les générations suivantes (fiscalité compliquée ; il y a aujourd’hui le dispositif Dutreil).

La transmission s’est néanmoins faite sur d’autres plans… Ma génération a vu ses parents travailler tout le temps. C’était difficile. Quand mon père a commencé dans l’usine de mon grand-père (fabricant de meubles), il a été mis “au tabouret” : il fallait donc qu’il tapisse les tabourets.

On nous a transmis la valeur du travail. Et aussi la conscience de la fragilité des choses : un fleuriste fait son chiffre d’affaires grâce à quelques week-ends dans l’année, la météo joue un grand rôle… Des contretemps, que l’on ne maîtrise pas, peuvent survenir. Nous avons donc hérité de la certitude que rien n’est jamais acquis, qu’il faut être attentif, et s’adapter.

Qu’est-ce qui vous plaît dans les métiers de la main, vous qui présentez notamment le concours d’Un des Meilleurs Apprentis de France ?

On entend souvent que les jeunes ne savent plus travailler mais ce que je vois lors de ces concours, ce sont des êtres habités par leur métier et leur instinct de compétition, avec à la fois cette volonté de se dépasser et un esprit de corps.

Je vois des mômes investis qui ont compris qu’en maîtrisant leur art à ce niveau ils n’auraient pas de problème de travail. Ils ont trouvé leur passion, et ils foncent.

J’ai assisté à plusieurs Olympiades des Métiers et l’ambiance est celle des plus grosses compétitions internationales… C’est extraordinaire !

Vos émissions valorisent les métiers…

C’est vrai que grâce à Top Chef les jeunes sont fiers de dire qu’ils sont cuisiniers.

"Ces émissions montrent les difficultés mais aussi la passion qu’il y a derrière."

J’ai souvent été invité dans des lycées hôteliers. Nous avons dans Top Chef une épreuve qui met en valeur les métiers de la salle.

Je n’ai rien contre les formations universitaires, mais je suis sidéré qu’on y envoie autant de jeunes… Il y a des filières d’excellence dans d’autres métiers, qui manquent de main-d’œuvre, et qui peuvent être sources d’épanouissement.

Vous êtes vous-même restaurateur…

Je suis rentré dans l’aventure des Bistrots Pas Parisiens en 2019 (douze restaurants aujourd’hui). C’est le fruit d’une rencontre, et un peu un prolongement de l’émission…

Si la télévision a un impact national, un restaurant qui marche a un impact local : il change la vie d’un quartier, c’est un vrai acte social.

Un service à midi, deux le soir, 300 clients à satisfaire par jour…, il faut y arriver !

Avant, les “banlieusards” étaient obligés d’aller à Paris pour trouver autre chose qu’un kebab ou une pizza. Paris s’est claquemuré, les prix ont augmenté. J’ai vu ce changement.

"Je me suis rendu compte à quel point en France la centralisation n’avait aucun sens."

Il y a une quantité de choses beaucoup plus intéressantes en banlieue, dans les régions, et dans tous les domaines.

Biographie

  • 1986 : Premier stage en tant que journaliste à France Bleu Azur.
  • 1990 : Premier poste de journaliste au sein du magazine Sport Auto.
  • 2000 : Entrée chez France 2 comme rédacteur en chef des magazines.
  • 2006 : Présentateur de la première saison de Pékin Express sur M6, et des suivantes (19e édition
  • en 2024).
  • 2010 : Présentateur de la première saison de Top Chef sur M6, et des suivantes (15e saison en 2024).
Partager :