Étude

Baromètre ISM-MAAF : le record de 2022 sur la création d'entreprises se confirme mais les disparités s’accentuent

Le 25/07/2024
par Julie Clessienne
Pour la 2ᵉ année consécutive, le cap des 250.000 entreprises artisanales créées est atteint. Un indicateur très positif dévoilé ce jeudi 25 juillet par le baromètre ISM-MAAF. Un constat à relativiser : tous les secteurs et territoires sont loin d’être logés à la même enseigne et les ventes/cessions repartent à la baisse.
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L’inflation, la flambée des prix ou encore le conflit entre la Russie et l’Ukraine n’auront pas eu raison de l’esprit d’entreprendre des Français en 2023.

250.660 entreprises ont été créées dans le secteur artisanal (soit 1 entreprise sur 4). Un niveau quasi stable (-1%) qui vient confirmer le record historique établi en 2022 et la bonne vitalité du secteur. Car, en réalité, après un coup d’œil dans le rétro, la création d’entreprise artisanale a bondi de 23% depuis 2019 (dernière année de référence pré Covid).

"Ce nouveau baromètre 2023 confirme la place centrale de l’artisanat dans la dynamique de la création d’entreprise en France. […] Des chiffres qui ne doivent pas masquer les disparités fortes d’un secteur à l’autre, témoins des tensions économiques qui viennent percuter des secteurs comme le BTP notamment", nuance Marielle Vo-Van Liger, Directrice Marketing et Communication MAAF.

Les services en tête de classement

Le niveau de créations est tiré vers le haut par le secteur des services notamment (+8% en 2023, soit +41% depuis 2019). Parmi les champions de la création d’entreprise :

  • le nettoyage courant des bâtiments (38.010 créations, +17 %) ;
  • les taxis/VTC (15.390, +20 %)
  • les soins de beauté (15.230, un secteur qui attire désormais 2,5 fois plus de créateurs que la coiffure).

Outre les activités de services, d’autres métiers tirent leur épingle du jeu, portés notamment par des micro-entrepreneurs, comme le commerce sur marché et éventaires (+13%) et la fabrication d’articles divers (+18%).

Le BTP (fortement impacté par la crise qui touche l’immobilier et la construction), l’alimentation et la fabrication (malgré la prédominance des micro-entrepreneurs) sont, eux, à la peine avec respectivement -8, -7 et -5% de créations en 2023.

Normalement porté par la reprise d’entreprise, l’alimentation subit particulièrement la baisse des rachats de fonds de commerce.

Une France littéralement coupée en deux

Si les créations d’entreprises artisanales sont clairement en hausse dans le Nord et l’Est, l’Ouest et le Sud sont à la traîne (excepté en Occitanie et en Corse).

Des disparités qui peuvent être corrélées à celles observées dans les secteurs d’activités, comme le souligne Catherine Élie, directrice des études de l’Institut Supérieur des Métiers : "Certaines régions, et en particulier certains départements, dépendent fortement de secteurs, comme les taxis/VTC à Paris et en Ile-de-France."

Des résultats qu’il faut toutefois nuancer selon l’experte : "Les baisses que nous observons cette année […] interviennent bien souvent après plusieurs années de hausse. Depuis 2019, les créations sont à un niveau bien supérieur dans l’ensemble des régions et, si l’on regarde les taux d’évolution sur 5 ans, les progressions sont même les moins fortes en Ile-de-France et en AuRA."

Artisan des villes ou artisan des champs ?

Les créations sont à la baisse aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural.

Paris et sa métropole s’en sortent toutefois mieux : cette bonne dynamique entrepreneuriale est notamment observée dans dans les communes où une partie importante de la population réside en Quartier Prioritaire de la Ville (QPV).

"Dans ces territoires, la création d’entreprise est tirée par les installations de Taxis/VTC et de nettoyage de bâtiment. Dans les communes où plus de 50% de la population réside en QPV, 30% des créations d’entreprise artisanale se font ainsi dans l’une ou l’autre de ces activités", abonde Catherine Élie.

Ventes et cessions à la baisse, montant médian au plus haut

Dernier enseignement de ce baromètre ISM-MAAF : les ventes et cessions de fonds de commerce, tous secteurs confondus, repartent à la baisse du fait d’un contexte économique particulièrement tendu. Seuls 8.210 fonds de commerce artisanaux ont été cédés.

"La hausse des taux d’intérêt bancaires peut avoir entraîné une importante frilosité du côté des vendeurs, repreneurs potentiels et établissements bancaires", analyse l’étude.

Hormis les Hauts-de-France (+9%) et le Centre - Val de Loire (+5%), l’ensemble des régions est impacté par cette baisse des transactions.

Dans le détail, du plus au moins impacté :

  • Alimentation (-17 %),
  • BTP (- 14%),
  • Fabrication (- 3%),
  • Services ( -2%).

"Si les cessions des fonds sont à la baisse, cela témoigne aussi d’une forme de frilosité qui gagne les potentiels vendeurs et repreneurs face à une conjoncture tendue. Nous resterons attentifs en 2024 à l’évolution de ces indicateurs, à l’aune des bouleversements politiques qui touchent notre pays", indique Marielle Vo-Van Liger.

Parallèlement, le montant médian des fonds cédés reste au plus haut, au-delà de 80.000€ contre 70.000€ en 2019. Un phénomène qui s’explique par le fait que le prix de cession des fonds augmente selon l’ancienneté des entreprises or les deux tiers des entreprises cédées en 2023 ont plus de dix ans.

Sources : Baromètre ISM-MAAF – Bilan 2023 Créations & Transmissions d’entreprises en artisanat, juillet 2024.  

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