Tout, tout, pour leur bien-être
Derrière le rideau, un travail acharné. A l'occasion de la Semaine nationale de l'artisanat, j'ai pu m'initier le temps d'une matinée au métier de toiletteur animalier. Accompagnée de la CMA 78, rendez-vous chez Royal's Dog... Un nom tout trouvé pour ce salon de toilettage pour chiens situé à deux pas du Château de Versailles.
Une disponibilité à toute épreuve
Passionnée d’animaux, Fabienne Baraton s’est formée au métier très jeune. L’artisane s’est installée à son compte en 1985 : d’abord dans le XVe arrondissement de Paris, puis rue Hoche, à Versailles, où les clients se pressent à sa porte… Mais pas seulement. Plusieurs fois par jour, des touristes venus du monde entier y entrent par curiosité, observant avec amusement les accessoires et jouets pour animaux. Une agitation plus ou moins courtoise - beaucoup se dispensant de saluer - "qu’on apprend vite à gérer", sourit Fabienne.
Sur le comptoir, l’agenda affiche quasi complet. Le salon est très demandé, tant par les "habitués" que par de nouveaux clients attirés par le bouche-à-oreille et les avis sur Internet. La toiletteuse manque rarement un appel.
C’est d’ailleurs un de mes premiers constats : le métier demande une disponibilité à toute épreuve. Prise de rendez-vous ou demande de conseils : la gérante a réponse à tout et essaie de libérer des créneaux dès qu'elle le peut. "Le métier est très prenant : on ne souffle que très peu", admet l'artisane.
Un binôme efficace
Pour gérer les nombreuses prestations, Fabienne est aidée d'une salariée à temps partiel. Sophie a suivi un cursus diplômant très exigeant en deux ans (Maisons familiales rurales de Mortagne-au-Perche, Orne), puis a effectué des stages en élevage pendant un an pour parfaire ses techniques de toilettage professionnel.
Des apprentis, la toiletteuse en forme "à foison". Hélas, beaucoup raccrochent… "C’est un métier très exigeant physiquement, mais aussi mentalement. De nombreux apprentis ne concrétisent pas leur projet, car ils ne s’attendent pas à la réalité du ‘terrain’". Ce qui fait la différence ? L’endurance physique, le sens du service et, bien sûr, une indéfectible bienveillance envers les animaux.
Grâce à un matériel adapté, les toiletteuses économisent (un peu) leur énergie et soulagent par la même occasion leurs clients à quatre pattes ! Baignoire à porte (pour ne pas avoir à soulever les grands chiens) ou encore table avec élévateur (pour faire monter/descendre les chiens sur le plan de travail) évitent ainsi de s’abîmer le dos et les articulations. Les chiens, eux, semblent trouver ludiques voire honorifiques ces petits honneurs qui leur sont faits.
Halte aux clichés
A tort déprécié par certains - qui ne connaissent justement pas le métier ! - le toilettage des chiens est pourtant une affaire sérieuse. Car il ne soigne pas seulement l'apparence... Les professionnelles ne se contentent pas de redonner un coup de frais aux animaux : "toiletter son animal est capital pour préserver ou améliorer son état général", assure Fabienne. "Même si ce n'est pas un moment évident pour eux, car on les manipule beaucoup, on les mouille, leur coupe les griffes... les chiens ressortent en meilleur état à long terme ; ce que le toiletteur fait, c'est du 'plus' pour eux, notamment pour les plus âgés", développe la professionnelle.
La narcissique Lili en quête d'attention...
P.S. : on me souffle dans l'oreillette que tous les chiens ne s'appellent pas "Mon p'ti Bichon".
Plus connaisseuse des chats que des chiens, je me suis moi-même souvent questionnée sur le ressenti des animaux dans les salons de toilettage. Ont-ils mal ? Sont-ils excessivement agités ? A la première question, la réponse est "non", puisque les pros maîtrisent chaque geste avec rapidité mais en douceur : la taille des poils se fait avec un tact infini et je suis impressionnée par la minutie que cela implique.
Quant à l'agitation, c'est autre chose. "Tout dépend de l'humeur du chien", note Fabienne, habituée à gérer les caprices canins. Sophie précise : "le salon est un endroit neutre, comme chez le vétérinaire, où les animaux se laissent faire ; il n'y a pas beaucoup de chiens réticents, ils ne se battent pas et s'habituent vite..." Mais il leur arrive aussi de profiter de l'absence du maître "pour faire un peu les fous", ce qui n'est jamais trop méchant et ne dure pas longtemps... Car il faut bien passer au bac à shampooing.
Manches relevées
Transition toute trouvée, puisque là se situe mon entrée en action !
Toiletteuse d'un jour, je revêts ma blouse pour aider Sophie à shampooiner Athos, magnifique golden retriever âgé de 7 ans.
Client idéal au calme olympien, Athos se laisse faire sous le jet d'eau. "Il est un peu stressé", remarque toutefois Sophie, bien plus aguerrie pour déceler les signes d'inconfort. Le chien a en effet besoin d'aide pour se mouvoir dans la baignoire, signe de légère crispation. Un massage à la fleur de douche plus tard et voici notre Athos brillant de santé... Mais bien trempé !
Là intervient pour moi un grand moment de solitude : le porter de chien. Rodée, Sophie sourit et soulève Athos avec aisance, pour l'amener sur le plan de travail. De la truffe à la queue, nous le séchons patiemment en veillant à ce que le poil soit bien déshumidifié. Les instructions de Sophie sont capitales et me permettent de ne rien négliger. La professionnelle parachève le travail en coupant les griffes d'Athos et en le parfumant légèrement.
Mission accomplie ! Athos est prêt à parader dans les rues de Versailles, poils au vent. Pour ma part, je suis déjà honteusement épuisée... Mais fière du résultat. De même que Viviane, la maîtresse d'Athos. Fabienne et Sophie, elles, ont encore une grosse journée à gérer...
Une pensée me vient immédiatement : au vu de l'investissement en termes d'énergie et de patience, j'estime que les prestations du salon sont peu cher payées. C'est là qu'est l'os. Je regrette d'autant plus que trop de consommateurs n'en aient pas conscience... Mais le système est à double tranchant : si les tarifs bas lèsent les artisans, ils permettent aux moins fortunés de faire soigner leur animal.
Par ailleurs, la frontière est mince entre les soins vétérinaires et la discipline artisanale qu'est le toilettage animalier. Une raison de plus pour mettre en valeur son très sérieux rôle d'utilité publique.
Contact : toilettage-versailles.fr / Facebook : Royal's Dog
Remerciements. Je ne pouvais pas terminer sans rendre hommage à Fabienne et Sophie, qui m'ont accordé leur temps et leur expertise malgré un agenda chargé. Moi-même passionnée d’animaux, je remercie chaleureusement CMA France et la CMA des Yvelines de m'avoir permis de renouveler cette expérience enrichissante (cf. "Artisan d'un jour" 2018).
Enfin, petite dédicace à Nala, majestueuse gardienne et mascotte de Royal's Dog !
>> Vous aimez le concept "Artisan d'un jour" ? Lisez le témoignage de Julie Clessienne, stylotière d'un jour en Moselle. Rendez-vous également sur les réseaux sociaux avec le hashtag #SemaineArtisanat
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