Bâtiment : victime collatérale de la crise
Depuis le 17 mars, date d’entrée en vigueur des mesures de confinement, 80 % des entreprises du bâtiment sont à l’arrêt. 17 % ont pu maintenir une activité réduite n’exposant pas les salariés aux risques sanitaires et 3 %, seulement, ont pu poursuivre une activité quasi normale pour les interventions d’urgence. "Une crise économique sans précédent", résume Patrick Liébus, président de la Capeb, qui souligne aussi dans son étude "une chute brutale de la croissance enregistrée pour l’ensemble des corps de métiers, avec un recul de l’activité compris entre - 9 et - 16 % au premier trimestre 2020".
Si l’on se réfère à la note de conjoncture diffusée par l'Union des entreprises de proximité (U2P), le 22 avril, le BTP est, après l'hôtellerie-restauration, le deuxième secteur le plus touché par la crise du Covid-19 : pas moins de 80 % des sondés déclarent une baisse de leur chiffre d'affaires de plus de 70 % pour la deuxième partie du mois de mars !
Le refus des clients particuliers de poursuivre les travaux
L’enquête de la Capeb pointe les cinq principales raisons pour lesquelles le secteur est à l’arrêt. En tête des réponses des sondés : le refus des clients particuliers de poursuivre les travaux (71 %). Viennent ensuite le refus d'exposer ses salariés (46 %), le refus des clients professionnels publics ou privés de poursuivre les travaux (45 %), l'impossibilité d'intervenir car les locaux sont fermés (39 %) et la fermeture des fournisseurs habituels (39 %). D’ailleurs, sur ce dernier point, les chefs d’entreprise ayant poursuivi leur activité déclarent à 84 % éprouver des difficultés à obtenir les matériaux nécessaires.
Pour faire face à cette situation inédite, 66 % des entreprises ont eu recours au chômage partiel (demandes en cours ou acceptées), 15 % l'envisagent et 5 % ont vu leur demande refusée par l'administration.
Des efforts demandés pour compenser la chute de la croissance
L’activité est en net recul (-12 %) et cela concerne indistinctement l’ensemble des entreprises artisanales du BTP, quels que soient leur taille et les corps de métier. Particulièrement impactés toutefois : la maçonnerie (- 16 %), l’aménagement décoration plâtrerie (- 12 %) ou l’électricité et la menuiserie (- 10 %).
Les trésoreries souffrent également de cette crise : - 29 points (contre - 11,5 points pour la moyenne de long terme). 34 % des entreprises du secteur annoncent ainsi une trésorerie en nette détérioration (contre 14 % à période égale en 2019). Une situation qui incite Patrick Liébus à réclamer la poursuite des dispositifs déjà mobilisés par l’État pour soutenir la trésorerie des TPE et à demander "au Gouvernement de prendre des mesures pour accompagner et inciter les entreprises à reprendre leur activité". La Capeb milite notamment pour des aides spécifiques "pour couvrir au moins une partie des surcoûts découlant de la mise en œuvre de règles sanitaires", comme le transport de salariés, la réorganisation des chantiers, la désinfection des surfaces ou encore la fourniture des équipements de protection nécessaires.
>> Retrouvez l’intégralité de la note de conjoncture en suivant ce lien.
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