L’avenir est dans le savoir-faire
"L’avenir de la boucherie est aujourd’hui de revenir au savoir-faire ancestral avec des outils modernes", affirme Laurent Rigaud, boucher à Wambrechies (Nord), qui a investi dans un laboratoire permettant d’optimiser la découpe, la maturation et la conservation de la viande. Car le geste, il l’a acquis, et "il n’y a pas 36 façons de découper la viande !". Pour écrire l’avenir, l’artisan doit associer le "faire" aux nouvelles technologies, quelles qu’elles soient. Nicolas Bard, cofondateur de Make Ici, réseau de fablabs en France (350 résidents à fin 2018) voit plus loin. "Les métiers de l’artisanat auront un grand rôle à jouer. Un écosystème d’artisans est une source d’innovation hallucinante. Il y a chez nous un savoir-faire incroyable sur les nouveautés (matériaux) et techniques." Un savoir-faire que l’on vient chercher.
Il n’y a pas d’antagonisme ancien/moderne dans l’artisanat. Un tapissier d’aujourd’hui conçoit et découpe en 3D, et cela ne l’empêche pas de répéter les gestes appris avec son maître... "Le cœur de notre savoir-faire est l’ortho-prothèse, sur lequel nous avons ajouté la finition esthétique cutanée. C’est là qu’on est à la pointe", pose Michel Alaric, patron d’AHP Europe (Val-de-Marne), qui existe depuis 1998. Cette entreprise de 14 personnes (sculpteurs, coloristes, informaticiens…), qui frise le million d’euros de chiffre d’affaires (réalisé à 70 % à l’étranger), reconstruit à l’identique des parties manquantes du corps. "Notre patte artistique et notre technicité apportent une vraie valeur ajoutée aux finitions par rapport aux produits du marché développés de façon plus industrielle." Michel Alaric n’a qu’un seul concurrent. "Nous améliorons sans cesse le process. Le but de l’artisan est la recherche de l’excellence, il ne peut exister que comme ça. Le seul axe que l’on peut toujours développer est celui d’accepter les avantages techniques pour les mettre au service de notre connaissance pour une créativité plus performante."
Yanara Technologies (Nord) conçoit et fabrique depuis 2011 des pièces en fibre de carbone pour le sport automobile de haut niveau, le nucléaire militaire, l’industrie… Atelier et bureau d’études sont étroitement liés. "Il ne s’agit pas de remplacer d’anciennes pièces, il y a une re-conception à faire. Chaque pièce est différente et a son lot de problèmes à résoudre. Nous avons développé nos propres process internes. Nous vendons de la pièce, mais l’étude en amont reste notre propriété intellectuelle", livre Carine Parmentier, cofondatrice (avec Enrico Cerbo). Nicolas Bard voit deux atouts principaux aux nouvelles technologies : "Elles permettent d’être plus créatif (conception via des logiciels de modélisation 3D, isolation de chaque morceau de l’objet pour les retravailler, augmentation des détails, etc.) et plus productif". Avec une tête pensante qui garde la main.
Financer l’excellence
De nombreuses structures organisent divers prix ou concours ou mettent en place des aides (CMA, Région, BGE, Bpifrance…) : renseignez-vous auprès de votre CMA. De plus, le crédit d’impôt recherche (CIR) a pour objectif d’améliorer l’innovation et la compétitivité des entreprises. Il est égal à 30 % des dépenses de recherche inférieures ou égales à 100 M€ (5 % au-delà).
www.economie.gouv.fr/entreprises/credit-impot-recherche - www.economie.gouv.fr/entreprises/aides-financement-innovation - www.aides-entreprises.fr
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