L’U2P dévoile son nouveau projet politique ambitieux pour les indépendants

Après le bâtiment (Capeb), les services (Cnams), l’alimentation (CGAD) et les professions libérales (UNAPL), l’U2P s’apprête à s’ouvrir à un cinquième pôle confédéral afin d’attirer les TPE jusqu’à présent exclues de son périmètre.

Après 2016 (marquée par l’intégration de l’UNAPL et le renommage d’UPA en U2P), "ce moment est le plus ambitieux et le plus structurant pour notre organisation", a revendiqué le secrétaire général Pierre Burban en ouverture du congrès annuel, le jeudi 28 septembre.

Et l’enjeu est majeur pour celle qui a trop souvent été reléguée au pied du podium du patronat, derrière le Medef et la CPME. Dans un système où le nombre fait la force, ses 203.715 TPE adhérentes, soit 709.852 salariés, peinent à peser face aux plus de 9 millions de salariés employés dans les entreprises du périmètre du Medef et aux 4 millions revendiqués par la CPME. Ses appels réitérés à une représentativité patronale plus juste, qui privilégierait le nombre d’entreprises au nombre de salariés, restent ignorés des pouvoirs publics à ce jour…

L'U2P a perdu sa première place en nombre d'entreprises adhérentes au profit de la CPME (243.400 environ) au comptage de la représentativité 2021.

"Les politiques économiques françaises sont plutôt pensées sous le prisme de la grande entreprise plutôt que des PME-TPE. C’est une anomalie qu’on retrouve beaucoup moins en Allemagne, par exemple", se désole Pierre Burban, secrétaire général de l’U2P.

Augmenter son influence dans tous les territoires

Qu’à cela ne tienne ! Au regard des 3,7 millions d’entreprises de proximité que compte le pays, l’U2P entend s’élargir grâce à cette manne d’adhérents potentielle et accroître sa notoriété au-delà de Paris, dans cette province où sa visibilité est jugée faible.

Pour cela, elle propose de s’ouvrir à des TPE issues de domaines qu’elle ne couvre pas encore : sport, commerces non alimentaires, immobilier, culture… "Une quarantaine de fédérations ont été approchées dans ce sens et certaines ont déjà affirmé être intéressées par notre démarche", affirme Pierre Burban.

Autre solution évoquée lors de ce congrès : la possibilité pour une entreprise d’adhérer directement à l’une des 110 unions départementales ou régionales de l’U2P en sus de leur appartenance à une fédération professionnelle – l'U2P en fédère 120 – souvent peu connue des dirigeants.

"Cette démarche est essentielle pour augmenter notre influence. Les services proposés par l’U2P ne seront pas comparables à ceux des fédérations. Et toutes les entreprises qui nous approcheront seront systématiquement orientées vers les organisations professionnelles dont elles relèvent. Ce sera donc gagnant-gagnant pour tous", résume Pierre Burban.

Une nouvelle plateforme de services

L’U2P entend également développer sa gamme servicielle, par exemple en accompagnant davantage les futurs créateurs ou repreneurs d’entreprises de proximité. Une cible qui ne cesse de croître depuis la fin de la crise liée au Covid-19 et la démocratisation du régime de la micro-entreprise, qui facilite l’installation.

"1 million d’entreprises naissent chaque année et la création d’entreprise représente 33% de la création d’emplois totale en France depuis 20 ans", selon l’U2P.

L’organisation a dans cet optique dévoilé sa nouvelle plateforme www.creer-reprendre.u2p-france.fr.

Conçue sous forme d’une carte de France interactive, similaire à Google Earth, elle offre la possibilité à un candidat à l’entrepreneuriat de mesurer, gratuitement, selon l’emplacement de sa future activité, la pertinence de son projet, en délivrant une synthèse basée sur plusieurs éléments :

• Vision de la concurrence en fonction de la zone de chalandise choisie ;
• Potentiel économique de la zone de chalandise (niveau de revenu moyen des habitants) ;
• Aide au choix de son statut juridique et social en fonction de la rémunération souhaitée selon le chiffre d’affaires espéré, les cotisations sociales qui différent selon la forme juridique (entreprise individuelle, micro-entreprise, SASU, SAS, SARL, EURL…) ;
• Calcul de sa rémunération potentielle selon le statut (micro-entrepreneur, travailleur salarié ou non-salarié…) ;
• Panorama des services à proximité (établissements scolaires, centres médicaux, établissements culturels, installations sportives…), pour se projeter également dans sa vie privée et familiale…

Précisons que l’étude de marché obtenue diffère d’un métier à l’autre. La plateforme ayant été coconstruite avec les fédérations professionnelles adhérentes à l’U2P, elle fait apparaître des subtilités propres à chaque champ d’activité.

Ainsi, un futur artisan du bâtiment aura accès à des informations spécifiques telles que la densité et la vétusté des logements dans et aux alentours de la commune d’implantation envisagée, ou encore la localisation des magasins d’approvisionnement en matériaux (ciment, plâtre, bois…).

Un boulanger en devenir pourra visualiser sa concurrence pas uniquement en prenant connaissance des boulangeries présentes dans sa future zone d’implantation mais également de tous les établissements pourvus d’un dépôt de pain ou des supermarchés disposant d’un rayon boulangerie.

Mise à jour régulièrement en compilant les données publiques en accès libre (Insee, Dares…), elle couvre pour l’instant 24 métiers sur les 96 dans le champ de l’U2P. Elle sera totalement complète d’ici mars 2024, assure l’organisation.

Atout supplémentaire de l’outil : la possibilité de poser ses questions à l’Union territoriale de l’U2P du secteur de la recherche ou au bureau local de la fédération professionnelle correspondant au métier choisi. Et, bien sûr, d’adhérer !

Un manifeste reposant sur 4 valeurs clé

Enfin, tout au long de ce congrès, l’U2P, par la voix de son président Dominique Métayer et de 4 de ses vice-présidents, a exposé sa nouvelle vision politique, "fruit de plus d’une année de réflexions et d’actions".

Ce "manifeste" repose sur 4 valeurs cardinales censées rassembler tout dirigeant de TPE qui partage la même vision du travail et la même fierté : l’indépendance, le savoir-faire, la vocation et le sens du travail. Un nouveau projet politique qui se veut littéralement un "projet de société" selon le président de l’U2P…