Portrait

Pavoifêtes : sous les drapeaux, une méthode bien rodée

Le 08/09/2023
par Julie Clessienne
Ludovic Chaumier ? Pas du genre à pavoiser. Un comble pour un fabricant de drapeaux… Pourtant, son pragmatisme, son exigence de qualité et sa capacité à honorer des milliers de commandes ont hissé le savoir-faire précieux de Pavoifêtes (Rochecorbon, 37) au sommet des édifices les plus prestigieux… et même au-delà !
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Il n’aura fallu que quelques jours à Ludovic Chaumier pour se décider à reprendre l’entreprise Pavoifêtes. "Les locaux de 350 m2, dans le centre-ville de Tours, étaient dans leur jus : carrelage rétro, boutons de portes en porcelaine, machines à coudre hors d’âge… Puis j’ai analysé les chiffres, vu la liste de clients et les 2.500 commandes annuelles : j’ai été soufflé." 

Nous sommes en 2016. Le quarantenaire vient de mettre un terme à 23 ans de carrière en qualité de responsable de ventes aux sociétés chez PSA. "Plus la flamme, l’impression d’avoir fait le tour", et cette furieuse envie de diriger sa propre entreprise.

Et quelle entreprise ! Son épopée démarre en 1896, entre Paris et Nantes, avec une "succursale" à Tours dès 1936. Une affaire prospère, spécialisée dans le pavoisement, aux mains de la famille Audouin.

Périodes fastes, changements de nom et diversifications étonnantes (articles de fêtes, costumes haut de gamme, pour les enfants ou les… drag-queens) ponctuent le XXe siècle.

Lors de son arrivée à Tours, l’entreprise se nomme "Palais des Sociétés" ; en 1958, un magasin "Comptoir des Fêtes" est ouvert. En 1964, le nom de Pavoifêtes est adopté.

En 2003, la dernière génération cède l’entreprise tourangelle, "moribonde". Le repreneur d’alors la remet d’aplomb, modernise l’outil de production, s’oriente vers l’impression tous supports (broderie, marquage, sublimation…). Ludovic Chaumier survient ici dans l’histoire…

Besoin d’un chef d’orchestre

Premier défi de taille : instaurer un logiciel qui aura valeur de chef d’orchestre. "Nous avons énormément de toutes petites commandes très spécifiques ; avec un fichier de 3.500 clients et 3.000 factures à éditer tous les ans, l’efficacité est essentielle. Tout le monde utilise cet outil et sait exactement ce qu’il doit faire à quel moment." 

Le rythme et l’impossibilité d’anticiper pourraient faire frémir plus d’un chef d’entreprise. Pas lui… "Nous avons une vision à huit jours, au-delà, je n’ai plus de travail, s’amuse-t-il. Mais quand il y a eu le Covid ou un autre type de ralentissement, je l’ai su avant tout le monde." 

Car sa plus-value, c’est son adaptabilité et sa clientèle particulièrement variée. Mairies, préfectures, tribunaux, rotarys, fédérations sportives le sollicitent pour leurs drapeaux, oriflammes et fanions (dont celui de la Fédération française de foot qui a valu à l’entreprise d’être exposée à l’Élysée en 2022).

Associations, entreprises de street marketing ou de coursiers, agences de communication… font appel à lui pour des bâches, banderoles, stickers et tenues floquées.

"Nous répondons à toutes les demandes, de 10 à 40.000€, avec une ligne de conduite : je ne fais que ce que je sais faire ou ce que j’ai la capacité de produire. Je gère en bon père de famille…"

Humanisme et pragmatisme

Pour honorer toutes ses commandes, Ludovic Chaumier ne lésine pas à investir et à moderniser son parc-machines, "obligatoire à la fois pour être à la pointe, suivre la cadence et produire de façon écologique et responsable". Un dernier point absolument essentiel pour celui qui estime ne "pas avoir été suffisamment sensibilisé à l’environnement étant jeune" mais désireux de changer la donne à son niveau.

"Notre tissu, par exemple, est acheté en Allemagne. Quelle logique d’utiliser un tissu recyclé s’il faut le faire venir de Chine ? Notre fameux logiciel nous fait également économiser beaucoup de papier et un vélo électrique est à disposition des employés." 

Car l’entrepreneur met aussi un point d’honneur à soigner ses collaborateurs : horaires souples, parts au capital de l’entreprise, autonomie et responsabilisation de chacun. "Mon équipe détient des savoir-faire exceptionnels, comme la technique de la broderie Cornely, pour laquelle l’une de nos anciennes apprenties s’est distinguée à maintes reprises… Nous sommes des fabricants, des confectionneurs de drapeaux qui avons fait rentrer des machines d’impression, pas l’inverse. Je crois au concret, au fait que chacun a un talent qui peut se révéler si on le met au bon endroit." 

Un modèle d’humanisme et de pragmatisme qui fait, chez Pavoifêtes, ses preuves au quotidien…

Il a su

  • Percevoir le potentiel d’une entreprise séculaire et ses savoir-faire rares.
  • Adapter les méthodes de grands groupes à sa TPE (logiciel de suivi, site Internet…).
  • Innover et se diversifier en modernisant constamment son parc machines.
  • Motiver son personnel, notamment en lui faisant confiance.
  • Soigner son image en valorisant le made in France et l’éco-responsabilité.
  • Se développer avec prudence et sens des réalités.
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