Portrait : des entreprises artisanales plus que centenaires
Louis Richard, moulinier : apporter du goût dans les foyers
L’histoire de l’Huilerie Richard démarre en 1885 au pied du Mont Ventoux (84) avec Henry Richard, fabricant d’huile d’olive et colporteur. Son fils Marcel installe son moulin à Nyons (26) et se fait un nom dans le métier jusqu’au gel des oliviers de 1956. Pour faire perdurer l’activité,
le moulinier prend la route.
"Comme le font ses amis vignerons avec le raisin, il sélectionne et assemble des huiles de qualité d’Italie, Espagne et Grèce. Mes grands-parents lui succèdent en 1958 et partent à Aouste-sur-Sye où ils continuent les tournées en camion et ouvrent un magasin", résume Louis Richard.
Depuis 1997, année de reprise par son père Patrick, la Maison Richard étoffe sa gamme avec les huiles gastronomiques, se modernise et renforce le concept de camions-magasins.
"La vente directe est le pilier de l’entreprise. 21 colporteurs effectuent des tournées régulières et se déplacent au domicile des particuliers avec plus de 250 produits." L’Huilerie Richard produit quatre AOP, des huiles de noix, noisettes et colza grillé et propose une gamme cosmétique, une épicerie sucrée et salée. Louis s’occupe de la partie commerciale et marketing, sa sœur Emma de l’exploitation. Tous deux ont rejoint leur père dans une logique de transmission.
"Le travail en famille se travaille au quotidien. Nous nous formons ensemble toujours dans un but de pérennité. Faire partie d’une entreprise familiale est une responsabilité pour nous et nos 50 collaborateurs."
Quentin Paccard, fondateur campaniste : rien ne cloche depuis 228 ans
1796, Quintal (74). Antoine Paccard, maire de la commune, participe à la fabrication de la
cloche du village. Tombé amoureux du métier, il devient fondeur et crée une fonderie. Ses enfants développent l’activité en France puis à l’international.
Déménagée à Annecy-le-Vieux, l’entreprise profite de l’arrivée récente de la gare ferroviaire. La fonderie de cloches ne cesse de se diversifier jusqu’à devenir le spécialiste mondial du carillon, dont la vocation est avant tout musicale.
"Les Paccard ont toujours été en quête de la forme idéale, du profil parfait. Avec l’arrivée des technologies modernes, cette recherche de la perfection musicale atteint des sommets", confie Quentin Paccard, représentant de la 8ᵉ génération, avec ses quatre frères. Sous l’impulsion de leurs parents, un nouveau concept naît, inspiré du carillon : Ars Sonora®, alliant sculpture et musicalité.
« Les cloches sortent du clocher et prennent place au sein de sculptures monumentales. Un système de commande électronique remplace les transmissions mécaniques, offrant de nouvelles possibilités. Ingénieur en électronique, mon frère Thomas travaille sur le sujet depuis son arrivée en 2021. »
Dans l’entreprise depuis octobre dernier, Quentin gère la vente en ligne de cloches et de cloches miniatures, objets de décoration de 7 à 12 cm. 26 salariés sont répartis au sein des trois entreprises du groupe : la Fonderie, qui regroupe les métiers de fondeur et de campaniste (entretien des cloches), le Musée et la filiale e-commerce.
Béatrice Pommeret, docteur des textiles : une passion au fil du temps
Depuis 1906, les ateliers Bobin Tradition sont spécialisés dans le nettoyage et la restauration
de tapis, tapisseries et textiles délicats.
Béatrice Pommeret, ingénieure intelligence artificielle de formation, reprend l’entreprise en 2021.
"Rien ne me prédestinait à devenir entrepreneuse à 56 ans, mais ma passion du fil a été un élément déterminant dans le rachat. Le savoir-faire des salariés qui maîtrisent les gestes manuels réalisés selon les méthodes traditionnelles initiales me fascine."
À Bonneuil-sur-Marne (94), les ateliers occupent un espace de 500 m2 où prennent place des œuvres prestigieuses du patrimoine français comme des tapis ou des textiles délicats confiés par des particuliers.
L’entreprise Bobin est la seule en France à proposer une prestation de A à Z.
"Nous transportons les pièces jusqu’aux ateliers avant de les redéposer chez le client une fois le travail effectué. La chaîne est parfaitement maîtrisée avec une très haute exigence de qualité et de respect des œuvres qui nous sont confiées."
Attachée à la transmission des savoirs et des connaissances, Béatrice Pommeret s’appuie sur sept collaborateurs et communique pour partager auprès d’un plus grand nombre. "Je propose des visites d’ateliers et je participe aux Journées européennes des métiers d’art et Journées européennes du patrimoine. Bobin détient le label Initiative Remarquable et j’ai obtenu le trophée Créatrices d’Avenir 2022 Savoir-faire."
Le saviez-vous ?
Dédié au développement et à la pérennité des entreprises familiales au fil des générations, le réseau de référence des entreprises familiales FBN (Family Business Network) se définit comme "un lieu d’échanges, de partages et d’apprentissage pour tous les membres familiaux (opérationnels ou non), quels que soient leur rôle et leur génération dans l’entreprise familiale". 1.500 membres, dont la famille Richard, participent à différentes rencontres sur l’Hexagone. "Ensemble, nous travaillons les problématiques communes de l’entreprise familiale. Partager ses expériences aide au quotidien et permet d’anticiper", souligne Louis Richard.
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