Métier

Savonniers : produire sain et nature

Le 01/07/2024
par Isabelle Flayeux
Les artisans savonniers réunis au sein de l’Association des nouveaux savonniers (ADNS) pratiquent la saponification à froid et une cosmétique raisonnée. Élu président en février dernier, Alain Dougnac aspire à restructurer le secteur et à communiquer son optimisme.
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Alain Dougnac est président de l’Association des nouveaux savonniers (ADNS) depuis février 2024.

Pour obtenir un savon, la méthode naturelle ancestrale utilisée par les artisans savonniers est la saponification à froid. Cette réaction sans source de chaleur évite d’altérer la qualité du produit.

Apparu en 1823, le métier de savonnier est abandonné à partir de 1945 au profit de l’industrie, adepte de la saponification à chaud.

"Les artisans du secteur se sont battus pour redonner au métier ses lettres de noblesse. En 2010, nous étions une dizaine de saponificateurs à froid, nous sommes désormais près de 600 sur toute la France", présente Alain Dougnac, président de l’ADNS.

L’huile d’olive ou de tournesol, les beurres de karité, de coco ou de cacao sont les matières premières de base. Ces corps gras servent à produire un savon naturellement sain, sans produit chimique ou pétrochimique ni conservateur, dont le parfum provient uniquement d’huiles essentielles et la couleur de pigments minéraux comme des oxydes ou des argiles.

D’autres artisans savonniers exercent différemment le métier : "Les bondillonneurs utilisent une pâte à savon industrielle en petits copeaux qu’ils placent dans une extrudeuse. La barre de savon qui en sort est découpée puis moulée pour arriver à la forme voulue."

Des défis à relever

L’ADNS regroupe les saponificateurs à froid depuis 2012. Engagés dans une cosmétique raisonnée, les artisans rencontrent différentes problématiques liées en tout premier lieu aux nouvelles réglementations européennes.

"Les normes évoluent de façon draconienne. Produire des dossiers cosmétiques devient compliqué et chronophage, d’autant plus que la réglementation est identique pour les industriels et les artisans. Nous mettons en place des groupes de travail sur le sujet." 

Deuxièmement, le secteur souffre de hausses tarifaires conjoncturelles. "L’augmentation du coût des matières premières et du transport impacte nos prix de vente et il s’avère difficile de remplacer certains ingrédients sans dénaturer le produit." 

Enfin, le métier manque de reconnaissance. "Difficiles à classer, les savonniers sont inscrits en tant que chimistes, ce qui oblige à se tourner vers des apprentis chimistes. À ce titre, et pour pouvoir défendre nos intérêts, nous agissons afin d’obtenir un enregistrement au RNCP (Répertoire national de la certification professionnelle) de nos formations."

Trois écoles existent en France. Créé à Limoges (87) par le Maître savonnier, le centre de formation L’école de la savonnerie a accueilli depuis 2016 plus de 500 personnes, majoritairement en reconversion.

Plus d’infos

Eléments clés

  • Troisième producteur de savon en Europe, la France se positionne derrière le Royaume-Uni et l’Allemagne. Les trois pays fournissent près de 90 % du marché européen.
  • 80% des savonniers sont des artisans qui travaillent seuls ou à deux, majoritairement au sein de TPE familiales. 80 % des saponificateurs à froid utilisent de la matière première Bio.
  • À partir de corps gras pratiquement non chauffés, de soude ou de potasse, les saponificateurs à froid produisent des savons, shampooings, produits cosmétiques et produits d’entretien solides ou liquides.
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