Métier

Paysagistes : le monde de demain

Le 13/10/2024
par Sophie de Courtivron
En France, 32.450 entreprises du paysage regroupent 132.100 actifs et 104.000 salariés. Ce secteur au plus près des préoccupations environnementales participe à la construction de notre avenir commun. Et a besoin d’acteurs engagés à la main verte.
Partager :

“De façon générale, la conjoncture est bonne. Nous sommes un secteur en croissance et qui recrute”, pose Laurent Bizot, président de l’Union nationale des entreprises du paysage (Unep).

Les marchés publics connaissent un rythme soutenu du fait de la végétalisation des villes. La filière a par exemple participé à la préparation des Jeux olympiques : “Beaucoup de stades ont été créés ou rénovés.” D’autres marchés ont moins le vent en poupe.

“20% de nos entreprises ont actuellement un souci de trésorerie”, Pascal Rineau, président de la CNATP.

Menues zones d’ombre

Côté privés (particuliers, copropriétés…), le secteur hérite des tensions de l’immobilier (effondrement du marché du neuf, transactions en baisse).

“Quand on achète, on fait des travaux dans les mois qui suivent (terrasse, jardin…). Nous faisons donc face à une baisse des carnets de commandes”, explique Pascal Rineau, président de la CNATP (Chambre nationale de l’artisanat des travaux publics et du paysage).

Dans les copropriétés, “les dépenses comme les ascenseurs ou la rénovation énergétique priment”, abonde Laurent Bizot.

En outre, “depuis octobre 2023, les trois quarts de la France sont touchés par des précipitations ; en 30 ans je n’ai jamais vu ça, observe Pascal Rineau. Nous perdons en productivité, en efficacité et il y a des travaux que l’on ne peut pas faire”.

La CNATP a demandé aux pouvoirs publics un décalage des cotisations Urssaf et MSA (Mutualité sociale agricole, le régime des paysagistes), le médiateur des entreprises a été sensibilisé.

De l’attractivité d’une filière vitale

“En deux ans, nous avons créé 20.000 postes. Nous évaluons qu’il en manque entre 30 et 40 par jour… Nous pourrions donc doubler notre chiffre d’affaires. Deux tiers de nos entreprises cherchent à embaucher, poursuit Laurent Bizot. Nous travaillons avec les centres de formation, les écoles…, une convention a été signée avec la fédération des entreprises d’insertion…”

“Si l’on ajoute à nos actifs les 80.000 jardiniers- paysagistes de la fonction publique et l’interprofession, nous sommes la première entreprise de France de la transition écologique”, Laurent Bizot, président de l’Unep.

15% des salariés sont des apprentis. La filière embauche à tous niveaux (de CAP à ingénieur, comme un public non qualifié), avec de fortes possibilités d’évolution. “Nous avons revalorisé nos grilles de salaire.” Ces emplois sont de plus non délocalisables, et ils ont du sens !

Les formations évoluent. “Nous prenons en compte les végétaux, le sol et l’eau. Une même plante sur un sol adapté pourra avoir des exigences en eau dix fois moindres, illustre Laurent Bizot. À nous de nous emparer des opportunités (toits de parkings végétalisés, verdissement du bâti, intégration de la végétalisation entre une piste cyclable et la rue…).”

La filière, par son expertise du vivant, pourrait être l’un des acteurs principaux de la transition écologique et environnementale.

Plus d’infos : www.cnatp.org - www.lesentreprisesdupaysage.fr

Chiffres clés

  • 90% des entreprises ont moins de 10 salariés, 62 % sont unipersonnelles.
  • 7,7Mds€ de CA : 75 à 80% réalisés grâce aux marchés privés, 20 à 25% grâce aux marchés publics.

Sources : Croisement de données UNEP et CNATP.

Partager :