Prépa-apprentissage : "Si ce dispositif est supprimé, une voie de salut se dérobera"
Quel était l’objectif de ce dispositif ? Son bilan jusqu’ici ?
Joël Fourny : Son objectif était de faciliter l’accès à l’apprentissage aux jeunes les plus éloignés de l’emploi et qui ont besoin d’un accompagnement pour se réinsérer.
Après quatre ans d’existence, les résultats sont là : 24.000 jeunes ont été accompagnés sur l’ensemble du territoire, soit près de 28% de l’effectif national accueilli en prépa-apprentissage.
Parmi les 65% de jeunes qui réalisent intégralement leur prépa-apprentissage, 70% signent un contrat d’apprentissage à la sortie du dispositif et 30% entrent directement en emploi ou suivent une autre formation.
Sa pérennisation est-elle menacée au-delà de 2024 ?
J. F. : Oui. Initiée par la loi de 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel, la prépa-apprentissage a fait l’objet de renouvellements annuels de son financement jusqu’en 2024. En clair, cela signifie que le dispositif, tel qu’il a été conçu à la demande des CMA, cessera le 31 décembre prochain.
Le réseau des CMA regrette son non-renouvellement en 2025 qui va, à n’en pas douter, priver des milliers de jeunes d’une solution pour découvrir le secteur de l’artisanat et se former à nos métiers.
Quel message souhaiteriez-vous faire passer au futur gouvernement pour l’inciter à revenir sur cette décision ?
J. F. : La prépa-apprentissage a démontré toute sa pertinence pour lutter contre le chômage des jeunes et favoriser l’insertion professionnelle.
"Au côté d’autres opérateurs, le réseau des CMA a su se saisir de ce dispositif original pour offrir une chance à des jeunes dont l’avenir professionnel, et même l’avenir tout court, était gravement compromis."
En supprimant son financement, c’est cette voie de salut qui se dérobe.
Certes, un nouveau dispositif a été lancé dernièrement pour repérer les jeunes éloignés de l’emploi et de la formation, mais celui-ci ne couvre ni le périmètre ni les objectifs qui sont aujourd’hui ceux de la prépa-apprentissage.
Si rien ne change, le savoir-faire d’accompagnement développé par les équipes mobilisées au sein des CMA risque d’être irrémédiablement perdu, privant des milliers de jeunes d’une solution qui a pourtant démontré toute son efficacité, et dont le rapport coût/bénéfices est sans équivalent.
Raison pour laquelle, nous plaidons pour trouver une solution permettant de maintenir les effets bénéfiques de ce dispositif.
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